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Banque postale : Qui freine ce projet à vocation sociale ?

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Le cadre juridique actuel ne permet pas la création d’une banque postale, et ce, selon le ministère des Technologies de la communication. Comment lever les obstacles qui freinent ce projet à vocation sociale ?

Même s’il a confirmé que la fourniture de services bancaires par la Poste Tunisienne est nécessaire pour lutter contre l’exclusion financière, le ministre des Technologies de la Communication, Soufiene Hemissi, a reconnu que la Banque Postale ne peut pas fonctionner sous la loi actuelle relative aux établissements financiers.

Le ministre a, toutefois, indiqué, dans une intervention dans le cadre de l’examen du projet de budget de l’Etat pour l’exercice de l’année 2026 tenue lundi dernier lors d’une session conjointe des deux chambres, à savoir l’Assemblée des Représentants du Peuple et le Conseil National des Régions et des Districts, que son département « est toujours en train d’étudier certaines questions techniques ». Pourquoi, justement, la Tunisie a accusé tout ce retard dans la réalisation de ce projet à vocation principalement sociale ?

Interrogé à ce sujet, l’expert en économie et en finance, Mohamed Salah Jennadi, nous a indiqué : « Il faut de prime abord que la création d’une banque postale soit l’objet depuis le mois de juillet dernier du projet de loi n°82 de l’année 2025. Ce projet a été, en effet, transmis à la Commission des finances et du budget après avoir validé sa conformité aux exigences légales.

Donc, selon le législateur, il n‘y a pas d’obstacles juridiques devant la création d’une banque postale qui, selon les initiateurs de ce projet de loi, vise à soutenir l’action de l’État en matière de lutte contre l’exclusion financière et de promotion de l’inclusion économique et sociale des populations vulnérables, tout en contribuant à réguler le marché ». Quelles sont, de fait, les raisons de ce blocage ?

Lobbying…

« Dans un paysage bancaire dominé par un cartel qui se partage le marché, il est difficile de permettre à une banque postale d’exercer d’autant que l’un des députés à l’origine de cette initiativ, en l’occurrence Mohamed Ziad El Maher, avait, lors de la présentation de ce projet de loi, indiqué que la création d’une banque postale, “ardemment attendue par de nombreux citoyens”, permettra de proposer des services financiers à des tarifs préférentiels et symboliques au profit des catégories fragiles ciblées par la stratégie nationale d’inclusion financière, mais également des artisans et travailleurs opérant dans l’informel », nous dira l’expert Jennadi.

Et d’ajouter : « Fort de 1 200 bureaux postaux répartis sur tout le territoire du pays, de 4 millions détenteurs de comptes d’épargne représentant 25% de l’épargne du pays et de 2 millions de comptes courants, la banque postale a toutes les chances d’accaparer une bonne part du marché bancaire.

L’on se souvient que lors de l’examen du projet de loi de 2025, des députés avaient révélé que cette initiative serait freinée par des blocages au niveau du ministère des Finances, de la Banque centrale et de certains lobbys bancaires.

Cela va à l’encontre de la politique de l’Etat qui repose principalement sur le principe de l’Etat social.  L’autre obstacle cité est d’ordre technique. Or, avec les nouvelles technologies, la banque postale n’aura pas besoin  ni de locaux ni de personnels. Elle peut, en effet, proposer des services en lignes et via des cartes bancaires appropriées. Donc, encore une fois, il s’agit d’un faux argument. Aussi, pour garantir l’accessibilité bancaire au plus grand nombre et l’ensemble du réseau de la Poste (bureaux de poste et autres formes de présence postale), agissent conjointement pour mettre en œuvre un dispositif d’information, d’accompagnement et de gratuité ».

M.B.S.M.

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