contactez-nous au 71 331 000
Abonnement

Éditorial : Un pas…dérisoire - Par Jalel HAMROUNI

Depuis plusieurs mois, l’horreur se répète inlassablement dans la bande de Gaza. Les bombes sionistes pleuvent, les quartiers sont rasés, les enfants meurent affamés ou sous les décombres. Les appels à la trêve sont ignorés, les résolutions internationales foulées aux pieds, et les mensonges d’une «guerre contre le terrorisme» masquent à peine les véritables desseins d’un nettoyage ethnique planifié. Et pendant que les Palestiniens subissent l’insoutenable, que fait l’Occident ? Il condamne mollement, détourne le regard… ou pire, fournit les armes.
Pourtant, un tournant diplomatique semble s’opérer. Les reconnaissances ou les promesses de reconnaissance d'un État palestinien ont été massivement émises par les capitales occidentales et internationales, la plupart étant des soutiens permanents de l’entité sioniste et de son projet dans la région. Cette situation coïncide avec une vague de condamnation et de dénonciation des crimes de génocide, de famine et de nettoyage ethnique perpétrés par l’occupation israélienne contre le peuple palestinien, notamment dans la bande de Gaza.
Après des décennies d’ambiguïtés, de silence complice et de soutien aveugle à l’entité sioniste, cette soudaine prise de position peut sembler surprenante. Alors, pourquoi maintenant ? Que cache ce revirement diplomatique ?
Soyons clairs: cette reconnaissance n’est pas le fruit d’un éveil soudain de la conscience européenne. Il ne s’agit pas d’un acte courageux mais bien d’un rattrapage moral imposé par une réalité devenue insoutenable. L’opinion publique européenne est de plus en plus choquée, écœurée, et révoltée par les images de massacre diffusées chaque jour depuis Gaza. Les hôpitaux détruits, les camps de réfugiés ciblés, les enfants agonisant devant les caméras du monde entier : tout cela a eu raison du narratif hypocrite selon lequel Israël aurait le droit de se «défendre» en exterminant un peuple.
Les dirigeants européens, jusque-là alignés sur la position américaine et sioniste, ont compris que leur silence les rend complices. Dans les rues d’Europe, les manifestations en faveur de la Palestine rassemblent des milliers de citoyens, souvent jeunes, réclamant justice, humanité et fin de l’impunité. Face à cette pression populaire, les gouvernements n’ont eu d’autre choix que de réagir, au moins symboliquement.
La reconnaissance d’un État palestinien ne change malheureusement rien sur le terrain. Gaza continue de brûler, la Cisjordanie reste occupée, et les colonies s’étendent. Cependant, sur le plan diplomatique, ce geste vise à envoyer un signal clair : la communauté internationale ne tolère plus les violations du droit international par Israël. Mais là encore, l’Occident parle sans agir. Car au-delà des déclarations, où sont les sanctions ? Où est l’embargo sur les armes ? Où est la suspension des accords économiques avec Tel-Aviv ?
Les capitales européennes tentent ainsi de ménager la chèvre et le chou: calmer leur opinion publique sans froisser l’entité sioniste ni les États-Unis. Un exercice d’équilibriste hypocrite, qui prouve que l’Europe n’a toujours pas le courage de se libérer de la tutelle américaine pour adopter une politique étrangère souveraine et éthique.
Ce qui se joue à Gaza n’est pas un simple conflit, mais un génocide à ciel ouvert. Et face à cela, l’inaction occidentale est une trahison des valeurs que l’Europe prétend incarner: droits humains, justice, solidarité. L’Union européenne, si prompte à sanctionner d’autres États pour bien moins, ferme les yeux sur les pires crimes de guerre perpétrés par son allié sioniste.
On a vu des dirigeants européens verser des larmes pour une otage israélienne amaigrie, et rester muets face aux corps déchiquetés des bébés palestiniens. On les a vu condamner des roquettes artisanales, mais pas les bombes à fragmentation larguées sur des écoles de l’UNRWA. Ce deux poids deux mesures n’est pas seulement immoral, il est criminel. L’avenir d’un peuple ne doit pas dépendre du bon vouloir occidental.
Reconnaître un État palestinien est un pas, mais il est dérisoire tant que l’occupation persiste, tant que Gaza est sous blocus, tant que les réfugiés n’ont pas le droit au retour. La Palestine n’a pas besoin de pitié mais de justice, d’indépendance, et de réparations. L’Europe, si elle veut être crédible, doit aller au-delà des mots: cesser toute coopération militaire avec Israël, soutenir les enquêtes de la Cour pénale internationale, imposer des sanctions économiques et diplomatiques concrètes.
L’heure n’est plus aux symboles, mais à l’action. L’État palestinien ne doit pas être un simple pion dans le jeu cynique des puissances occidentales. Il est l’expression du droit inaliénable d’un peuple à vivre libre, digne, et en paix.
La reconnaissance tardive d’un État palestinien par certains pays européens n’est pas un acte de bravoure mais un geste calculé, motivé par la pression populaire et la honte grandissante face à la barbarie sioniste. Tant que cette reconnaissance ne s’accompagne pas d’actions concrètes, elle restera un écran de fumée. Le sang des enfants de Gaza exige bien plus que des mots  il exige justice, vérité et fin de l’impunité.

J.H


Partage
  • 25 Avenue Jean Jaurès 1000 Tunis R.P - TUNIS
  • 71 331 000
  • 71 340 600 / 71 252 869