contactez-nous au 71 331 000
Abonnement

Opinion : Il n’est jamais trop tard pour bien faire - Par Hassan GHEDIRI

La guerre entre l’Iran et Israël laisse présager le risque d’un conflit dévastateur dans un Proche-Orient profondément déchiré et fait émerger des scénarios improbables, sales et plus désastreux les uns que les autres. Si les attaques contre des installations nucléaires iraniennes par l’entité sioniste auxquelles le régime des mollahs tente de riposter par l’usage d’un arsenal de missiles balistiques inédit, un éventuel effondrement des rapports de force entre acteurs opposés plongera tous les pays de la région dans une instabilité grave dont les retombées dépasseront les frontières qui dessinent la carte du Proche-Orient pour affecter la planète toute entière. Dans ces deux colonnes, nous n’allons pas étaler les conséquences géographiques et géostratégiques d’un très possible futur embrasement de cette région du monde. Concentrons-nous sur les conséquences probables de cette guerre susceptible de bouleverser l’économie mondiale comme aucun événement n’a fait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quand on dit une guerre dévastatrice dans le Proche-Orient, tous les regards se tournent vers le pétrole, le vrai nerf de la guerre. Malgré les investissements colossaux con-sacrés dans le monde aux sources d’énergies renouvelables, l’or noir continuera pendant encore plusieurs années à être la ressource la plus convoitée. Si depuis plus d’un siècle, les hydrocarbures ont toujours été une matière première incontournable pour faire tourner l’économie mondiale, la perturbation de la chaîne d’approvisionnement à cause des conflits constitue un défi majeur pour tous les pays et représente un enjeu de souveraineté pour les économies vulnérables.
Depuis le début de l’offensive sioniste contre l’Iran, les cours du pétrole se sont mis à grimper, doucement certes, mais l’évolution des prix trace déjà les perspectives d’une flambée presque inéluctable. Face aux grandes incertitudes entourant l’évolution du conflit, les prix du pétrole sont en passe d’être dopés par les craintes d’un possible blocage par l’Iran de l’une des plus importantes voies de transit du pétrole dans le monde : le détroit d’Ormuz. Une carte que Téhéran n’hésitera, certainement pas, à jouer au moment opportun.
Se situant pourtant à des milliers de kilomètres des champs de bataille de cette guerre, la Tunisie, très fragile économiquement, est tristement habituée à subir de plein fouet l’onde de choc des crises qui déstabilisent les cours du pétrole et des matières premières. Avec un prix du baril frôlant les 76 dollars, la Tunisie doit déjà chercher à combler un déficit budgétaire supplémentaire se chiffrant à plusieurs centaines de millions de dinars équivalents à la compensation qu’impliquent les nouveaux prix en comparaison avec le prix de référence adopté dans le budget de l’Etat de 2025. Car comme on ne cesse de le crier sur tous les toits, depuis très longtemps en Tunisie: « Chaque dollar d’augmentation du prix du baril de pétrole coûte à l’Etat environ 140 millions de dinars». Un embrasement dans la région du Golfe d’où sort plus de 36% du pétrole approvisionnant le monde fera enflammer les marchés de l’énergie et entraînera l’économie mondiale dans l’inconnu. La Tunisie risque d’être sévèrement affectée par un tel scénario. Il y a vingt ans, lorsque le baril du pétrole avait atteint 150 dollars, c’est tout le secteur de l’industrie plastique et chimique qui s’est effondré avec des fermetures en cascades et des milliers d’emplois perdus. A cette époque, l’économie nationale était beaucoup plus solide et les finances publiques assez puissantes comparé à la situation actuelle.
Les dégâts collatéraux d’une grande guerre dans le Golfe persique seront énormes pour la Tunisie pour ne citer que les conséquences d’une flambée historique des cours du pétrole. Les dégâts se-raient certainement plus supportables si l’on avait commencé depuis longtemps à abandonner progressivement les combustibles fossiles dans tous les secteurs en s’engageant dans une vraie transition vers les sources d’énergies propres. Notre seule consolation est qu’il n’est jamais trop tard pour s’engager enfin dans la transition énergétique!  

H.G.

Partage
  • 25 Avenue Jean Jaurès 1000 Tunis R.P - TUNIS
  • 71 331 000
  • 71 340 600 / 71 252 869