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La fièvre du Nil occidental de retour en Tunisie : Première conséquence de la bataille perdue contre les moustiques …

Par Hassan GHEDIRI

Les cas d’infection déclarés accentuent les inquiétudes autour de la diffusion de ce virus transmis par les moustiques et capable de provoquer des formes très graves.

 

Un nouveau cas autochtone de FNO a été confirmé début septembre 2025 dans le gouvernorat de Zaghouan, au nord-est de Tunis. Il s’agit du deuxième cas autochtone dans cette région après celui diagnostiqué en août, qui s’était soldé par le décès d’une personne âgée hospitalisée à El Fahs. Le terme autochtone signifie que l’infection a été contractée localement, en Tunisie, et non importée d’un autre pays. Ces nouveaux cas accentuent les inquiétudes autour de la diffusion de ce virus transmis par les moustiques capable de provoquer des formes sévères nécessitant des soins intensifs
La fièvre du Nil occidental n’est pas une nouveauté en Tunisie. En 2018, les autorités de santé ont recensé environ 130 cas, dont plusieurs autochtones. Des travaux scientifiques indiquent que des épidémies ont eu lieu entre 1997, 2003 et 2012, en Tunisie, avec des formes graves comme des méningoencéphalites. Plus récemment, une étude de 2023 souligne toutefois que la surveillance de ce virus en Tunisie est limitée aux cas humains, sans un véritable suivi structuré des moustiques ou des animaux réservoirs, malgré des preuves de circulation chez les oiseaux et certains mammifères.

Le climat pointé du doigt
Depuis le début de l’année, les experts constatent une propagation inquiétante du virus en Europe. Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), à la mi-août, 335 cas humains autochtones ont été recensés dans huit pays européens, dont 19 décès. L’Italie est particulièrement touchée par cette recrudescence (274 cas), suivie de la Grèce (35), la France (7), la Roumanie (6), la Hongrie (2), la Bulgarie (1) et l’Espagne (1). Cette dynamique illustre une tendance à la hausse depuis quelques années que beaucoup d’experts attribuent à la hausse des températures qui fait prolonger anormalement les saisons de l’été qui, de plus en plus humides, offrent les conditions idéales à la prolifération des moustiques vecteurs, surtout de l’espèce la plus répandue appelée Culex également très présente en Tunisie. Une étude récente sur l’Europe modélise justement comment la température, la pluie et la migration des oiseaux facilitent cette diffusion à l’aide des moustiques. De l’autre côté de la Méditerranée, de plus en plus de cas tendent à être identifiés dans des zones auparavant jugées à faible risque, comme par exemple la Grande-Bretagne où le virus de la fièvre du Nil occidental a été détecté chez des moustiques pour la première fois cette année suscitant de grandes inquiétudes sur la capacité du virus à s’adapter à de nouveaux environnements.
La récente apparition du virus en Tunisie vient ainsi soulever plusieurs défis qui concernent la prévention et la protection des personnes particulièrement vulnérables et très exposés aux formes graves de la maladie. Les spécialistes soulignent également deux grandes défaillances qui concernent l’insuffisance de la surveillance entomologique et animale et les difficultés rencontrées par les autorités sanitaires à contenir la prolifération des moustiques devenue un véritable problème d’hygiène et de santé publique dans la plupart des régions du pays. Nombreux sont donc les défis sanitaires liés aux maladies transmissibles qui commencent à prendre une ampleur de plus en plus préoccupante sous l’effet du dérèglement climatique. La multiplication des moustiques ainsi que la pression épidémiologique régionale, notamment en Europe exigent donc des réponses adéquates en Tunisie pour prévenir une explosion épidémique. Il est en effet essentiel de renforcer le suivi des vecteurs et des réservoirs par un dispositif de surveillance et d’alerte efficace, de sensibiliser la population et le corps médical aux gestes de prévention (protection contre les piqûres, élimination des eaux stagnantes, vigilance clinique), de mettre en place des actions ciblées pour protéger les personnes les plus vulnérables. 

H.G.

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