Par Hassan GHEDIRI
En faisant le ratio entre l’encours global et le nombre de citoyen, la dette tunisienne équivaut à environ 20 mille dinars pour un ménage de quatre personne…
Dans le dernier rapport sur de la dette internationale publié début décembre par la Banque mondiale, Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour l’Économie du développement a estimé que l’amélioration des conditions de financement mondiale ne doivent pas leurrer les pays en développement qui ne sont guère hors de danger.
Il pense que ces pays devraient profiter de la marge de manœuvre dont ils disposent pour remettre de l’ordre dans leurs finances publiques, au lieu de précipiter leur retour sur les marchés d’emprunt internationaux.
Le nouveau rapport sur l’endettement internationale montre que la dette extérieure combinée des pays à revenu faible et intermédiaire s’est élevée en 2024, à 8900 milliards de dollars, soit à son niveau le plus élevé depuis 50. En même temps, les taux d’intérêt moyens sur les nouveaux crédits contractés en 2024 par les économies en développement auprès des créanciers publics et privés se sont situés à des niveaux inédits.
Au total, toujours selon le même rapport, ces pays, parmi lesquels figure la Tunisie, ont déboursé un montant sans précédent de 415 milliards de dollars, rien qu’en intérêt au détriment des investissements qui auraient pu être consacrés à l’éducation, à la santé et aux infrastructures essentielles. Les possibilités de financement à faible coût s’amenuisant, de plus en plus de pays se sont tournent vers des créanciers intérieurs (banques commerciales et institutions financières locales) pour combler les trous dans leur budget.
Modération
C’est en effet cas de la Tunisie qui continue à honorer ses engagements avec ces créanciers étrangers malgré ses grandes difficultés à sortir sur les marchés de crédits internationaux. Le recours grandissant aux sources de financement nationales traduit une réussite importante de l’action publique selon la Banque Mondial qui appelle toutefois les gouvernements à la modération dans l’usage de cet instrument.
Le recours massif aux emprunts intérieurs est de nature à inciter le secteur bancaire à emprunter l’Etat à taux d’intérêt très élevés et sur des échéances plus courtes, au lieu de contribuer au financement des investissements privés.
Si les experts de la Banque mondiale incite les gouvernements des pays en développement surendettés à profiter des marges de manœuvre dont ils disposent pour mettre de l’ordre dans leurs finances publiques, en Tunisie, le recours excessif au créanciers locaux se présente désormais comme quasiment la seule marge de manœuvre qui s’offre aux responsables publics.
C’est ainsi que la dette publique est devenue au cours de ces dernières années un fardeau pour la Tunisie qui se trouve naturellement classée parmi les dix pays les plus endettés en Afrique. En août 2025, l’encours de la dette publique extérieur de notre pays s’élevait à environ 135 milliards de dinars, contre 113 milliards de dinars en 2020. Le remboursement de la dette extérieure est assuré essentiellement par les recettes fiscales, le tourisme et la diaspora.
Bien qu’il soit supporté différemment par chaque contribuable via les impôts et les frais services publics, mais concrètement, en faisant le ratio entre le montant total de la dette et le nombre de Tunisiens estimé à 12,3 millions lors du recensement de 2024, elle s’élèverait alors à environ 5 mille dinars par citoyen.
Pour un ménage moyen de quatre personnes, la dette tunisienne équivaut donc à près 20 mille dinars. Le plus inquiétant c’est que cette dette ne cesse de grossir sur fond d’un déficit budgétaire qui augmente perpétuellement.
H.G.

