Le comédien et cinéaste palestinien Mohammad Bakri s’est éteint mercredi à l’âge de 72 ans, après une longue maladie. Figure majeure du théâtre et du cinéma palestiniens, il laisse derrière lui une œuvre profondément engagée, où l’acte artistique se confond avec le geste politique. Son cinéma, audacieux et frontal, a fait de la caméra un instrument de mémoire, de témoignage et de mise en question des récits dominants.
Sa disparition a suscité une vive émotion dans les milieux culturels arabes. De nombreux artistes et intellectuels lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux, parmi lesquels l’écrivain Ibrahim Nasrallah et l’acteur Salim Daw.
Né en 1953 dans le village d’Al-Baaneh, en Galilée, Mohammad Bakri a suivi des études en art dramatique et en littérature arabe avant d’entamer sa carrière sur les planches. Il s’est ensuite imposé au cinéma, participant à de nombreuses productions internationales qui lui ont valu une reconnaissance bien au-delà des frontières palestiniennes.
Il est notamment le réalisateur du documentaire « Jénine… Jénine », récompensé par le Tanit d’or aux Journées cinématographiques de Carthage à Tunis en 2003, ainsi que par le prix du meilleur film documentaire au Festival d’Ismaïlia du film documentaire et du court métrage en Égypte en 2002. En tant qu’acteur, il a marqué le public par ses rôles dans « L’Anniversaire de Leila » de Rashid Masharawi, « Wajib » d’Annemarie Jacir, « L’Étranger » d’Amir Fakher Eldin et « Après » de Maha Haj.
Tout au long de sa carrière, Mohammad Bakri a été distingué par de nombreux prix dans des festivals internationaux. En 2021, le Festival du film d’El Gouna en Égypte lui a décerné le Prix de la réussite créative, saluant l’ensemble d’un parcours artistique aussi courageux que singulier.

