Par Imen Abderrahmani
Après sa première mondiale au 39ème « Festival Il Cinema Ritrovato » à Bologne en juin dernier, la version restaurée de « L’Homme de cendres » sera projetée pour la première fois au public tunisien à partir de 12 novembre.
La projection de cette version restaurée d’un film qui a marqué les annales du cinéma tunisien et le parcours de son réalisateur Nouri Bouzid relance le débat sur la préservation de la mémoire cinématographique tunisienne et sur la circulation de tant d’œuvres qui ont façonné la scène cinématographique nationale et la culture cinématographique et qui méritent aujourd’hui une intervention d’urgence pour les sauver.
Quarante ans après sa première sortie, « L’homme de cendres », cette œuvre emblématique du cinéma tunisien, projetée pour la première fois en 1986, retrouve sa splendeur originale grâce à l’initiative de Ciné-sud Patrimoine et au travail remarquable des experts du laboratoire L’Immagine Ritrovata.
Cette restauration a été effectuée en partenariat avec plusieurs institutions cinématographiques de renom, telles que la Cineteca di Bologna, la Cinematek de Bruxelles et Cinétéléfilms, avec le soutien du ministère des Affaires culturelles de Tunisie.
La projection aujourd’hui de ce film se veut une célébration du cinéma tunisien qui a pu à ses débuts se frayer un chemin sur les scènes internationales et un salut à Nouri Bouzid, l’une des figures marquantes de la scène cinématographique nationale et arabe, qui s’est retirée depuis quelques années du paysage à cause de la maladie. Voir de nouveau cet « Homme de cendres » sur les grands écrans est sans doute un moment historique, tant attendu par de nombreux cinéphiles, professionnels et curieux.
En amont de cette première nationale, une projection de presse a eu lieu ce matin, à 10h30, à la Salle Taher Cheriaa de la Cinémathèque Tunisienne, où les journalistes et invités pourront découvrir cette version restaurée en avant-première. Un moment unique pour revivre cette œuvre de l’histoire du cinéma tunisien dans les meilleures conditions possibles et écouter l’équipe de ce film (ceux qui sont encore parmi nous) racontant leurs souvenirs mais aussi discuter de ce film aujourd’hui.
Des experts de la restauration du film au RDV
Pour aller au-delà de la projection et pour situer cet évènement dans son contexte, une rencontre avec les experts qui ont mené ce projet jusqu’au bout est annoncée aujourd’hui, à partir de 15h00, à la Cité de la culture. La cheffe de projet au laboratoire « L’Immagine Ritrovata » Céline Pozzi, est conviée à échanger avec Mohamed Challouf, cinéaste et vice-président de l’association Ciné-sud Patrimoine, sur le processus de restauration du film et les enjeux actuels de la préservation du patrimoine cinématographique tunisien. Organisée par HAKKA Distribution, cette rencontre-débat apportera des éclairages sur les différentes étapes de la restauration, révélant quelques secrets des coulisses de cette démarche de sauvegarde et les défis rencontrés pour redonner vie à cette œuvre fondatrice du cinéma tunisien. De prochains projets, Mohamed Challouf et son invitée Céline Pozzi parleront, lors de ce rendez-vous.
En effet, plusieurs films incontournables du cinéma tunisien ont récemment été restaurés grâce à une collaboration fructueuse entre « Ciné-sud Patrimoine » et des institutions européennes. Parmi ceux-ci, « La Noce » (1978) et « Camera Arabe » (1987) ont également fait l’objet de projections mondiales au « Festival Il Cinema Ritrovato ».
« L’homme de cendres » en tournée
Présenté au Festival de Cannes en 1986, « L’Homme de Cendres » a remporté le Tanit d’Or lors des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) la même année, renforçant ainsi son statut de chef-d’œuvre du cinéma arabe. Aujourd’hui, quarante ans depuis, il continue sa marche, à la rencontre de nouveaux publics.
Après ce rendez-vous avec le public tunisien, « L’Homme de Cendres », dans sa version restaurée, sera également projeté lors de la 47e édition du Festival des 3 Continents à Nantes, du 21 au 29 novembre 2025. Ce festival, reconnu pour sa mise en lumière de films d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, offrira au film une nouvelle plateforme pour toucher un public international, consolidant encore sa place parmi les œuvres cinématographiques majeures du monde arabe.
Après Nantes, quelle sera la nouvelle destination de cet « Homme de cendres » ? Quelle sera la réaction du public aujourd’hui ? L’histoire de cet ébéniste trouvera des échos aujourd’hui ? N’hésitez pas à voir le film. Il sera à partir de 12 novembre dans nos salles de cinéma.
Imen.A.

