Soixante ans après le lancement de ce projet scientifique d’envergure, l’UNESCO a annoncé, vendredi dernier, l’achèvement de l’ « Histoire générale de l’Afrique », avec la publication des trois derniers volumes. Initiée en 1964, cette vaste entreprise vise à restituer, à travers le regard africain, l’histoire du continent depuis la Préhistoire jusqu’à l’époque contemporaine.
Relancée en 2018 par la directrice générale de l’organisation, Audrey Azoulay, l’initiative s’achève aujourd’hui avec les tomes IX, X et XI, qui viennent compléter les huit premiers volumes publiés jusqu’en 1993. Plus de 200 experts africains et internationaux ont contribué à ces nouveaux chapitres, qui s’appuient sur des années de recherche approfondie.
Ces derniers volumes explorent en profondeur les transformations politiques, sociales et culturelles du continent et de ses diasporas, tout en intégrant les dernières découvertes en archéologie, en anthropologie et en sciences humaines.
Ils abordent les grands enjeux contemporains (construction nationale, jeunesse, migrations, justice environnementale, mondialisation ou encore égalité de genre) à travers le prisme du concept d’« Afrique globale », qui souligne le rôle actif et central du continent dans les dynamiques mondiales.
L’œuvre met également en lumière les apports essentiels des diasporas africaines à la construction du monde moderne, en rendant hommage à des figures majeures telles qu’Ahmad Baba de Tombouctou, W.E.B. Du Bois ou Frederick Douglass.
Un tournant pédagogique
Au-delà de son importance scientifique, l’ « Histoire générale de l’Afrique » prend désormais une dimension éducative forte. À l’occasion de l’achèvement de l’œuvre, l’UNESCO a présenté deux nouveaux outils destinés à l’enseignement : Un guide pédagogique pour aider les ministères de l’Éducation à intégrer des contenus africains dans les programmes scolaires et un jeu vidéo interactif, « African Heroes », accessible gratuitement, qui permet aux jeunes de découvrir dix grandes figures historiques issues de l’Afrique et de sa diaspora.
Ces initiatives visent à transmettre une histoire libérée des stéréotypes et à offrir aux jeunes générations une vision plus juste, inclusive et valorisante de l’héritage africain, lit-on dans le site de l’UNESCO.
Coopération internationale sans précédent
Le projet, né d’une volonté commune entre l’UNESCO et les États africains nouvellement indépendants dans les années 1960, repose sur une collaboration internationale inédite. Il a mobilisé plus de 500 chercheurs issus de 54 pays africains et de la diaspora, réunis sous la direction d’un comité scientifique panafricain.
Conjuguant traditions orales et méthodes historiques modernes, l’ « Histoire générale de l’Afrique » a été conçue comme un récit collectif ancré dans une approche africaine de l’histoire.
Publiés initialement en français, anglais et arabe, les volumes ont été traduits dans douze langues, dont trois africaines — kiswahili, haoussa et peul — pour garantir une diffusion plus large et accessible.
Aujourd’hui, l’ « Histoire générale de l’Afrique » s’impose comme une référence incontournable pour les chercheurs, les enseignants et les citoyens du monde. Elle contribue à nourrir la réflexion sur l’identité, la mémoire collective et l’avenir du continent africain dans un monde de plus en plus interconnecté.