Par Imen ABDERRAHMANI
Ici et là, c’est la fête totale ou presque. Les directeurs des festivals, la majorité cette année, ont choisi de jouer la carte de la « facilité » et de répondre au goût du public pour avoir la paix et pour ne pas faire l’objet des contestations. « Ce que veut le public » semble être la phrase magique qui a guidé les pas et les idées des programmateurs, qui aussi cette année, ont cherché « le gain facile », misant sur un concept qui fait ces derniers jours des ravages, le « sold out », synonyme d’une affluence publique massive et des caisses bien remplies. Alors au lieu de concourir pour présenter un programme différent, riche, original, certains programmateurs ont focalisé sur les spectacles qui peuvent être joués à guichets fermés et qui ne nécessitent pas un travail médiatique. L’essentiel pour eux est d’avoir des gradins remplis et que le public rentre heureux. Pour la découverte, l’originalité, c’est une autre question qui ne figure pas cette année sur la priorité des programmateurs et qui ne figurerait peut-être pas même pour des années encore parmi les critères de sélection de spectacles et de programmation. Le résultat : des festivals qui se ressemblent. Et c’est cette « logique » qui plane depuis quelques temps sur la scène artistique qui a fait que le public boude certains spectacles où il y a de la recherche.
Parmi également les autres anomalies à signaler pour les festivals d’été est ce volet international annoncé dans l’appellation, absent de la programmation. Nombreux ainsi sont les festivals cette année où il n’y a aucun spectacle international ou encore il n’y a qu’un, d’un artiste d’un pays voisin. Vous dites que c’est une question budgétaire. Oui, c’est vrai. Mais, c’est aussi une question relevant de la coopération culturelle et des innombrables accords signés avec tant de pays qui n’ont pas malheureusement donné leurs fruits. Et c’est à revoir pour pouvoir avoir ces beaux spectacles qui figuraient auparavant dans les programmes des festivals d’été et qui ont été une occasion pour que le grand public découvre d’autres musiques et d’autres cultures.
Avec cette ruée vers le commercial, et cette course effrénée pour remplir les caisses et non plus nourrir les esprits et bien faire des têtes, il est important de s’interroger sur la « vision » des directeurs des festivals qui semblent ne jamais penser à ces bouquets de films et de pièces de théâtre qui ont été couronnés à maintes reprises à l’étranger et qui méritent qu’ils soient programmés dans les festivals. Primo, pour affirmer le droit de ce Tunisien, là où il est à la culture. Secundo, pour encourager ces artistes et les aider à entrer en interactivité avec le public. Tertio, parce que ces œuvres sont réalisées avec l’appui du ministère des Affaires culturelles, c’est-à- dire avec l’argent du contribuable. Où sont passés ces beaux films tunisiens qui meublent chaque année les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) ? Où sont passées ces pièces de théâtre pour adultes comme pour enfants, primées et applaudies, dans les plus prestigieux festivals internationaux ?
Les festivals d’été ont été créés n’ont seulement pour divertir et animer mais aussi pour éduquer, pour élargir les horizons intellectuels du spectateur, pour lui donner l’occasion de découvrir d’autres alternatives culturelles, d’autres produits artistiques qui très souvent ne circulent pas durant l’année. Un festival, c’est toute une vision et une culture. Programmer, n’est jamais un travail administratif, mais un travail créatif !
A bon entendeur !
I.A.