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Baisse de la fréquentation des hôtels : La nouvelle réglementation sur les chèques est-elle en cause ?

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Un hôtelier exerçant à l'île de Djerba a lancé un cri d'alarme citant une baisse de fréquentation due apparemment à la dégradation du pouvoir d'achat, notamment de la clientèle locale. Et si la nouvelle loi des chèques y était aussi pour quelque chose ?

Le cri d'alarme lancé récemment par un hôtelier exerçant sur l'Ile de Djerba dit long sur la déception des professionnels du tourisme qui espéraient une saison prometteuse au vu des prévisions annoncées par le ministère du Tourisme. Selon cet hôtelier, la fréquentation des unités hôtelière est en chute libre, notamment au niveau de la clientèle locale, "la dégradation du pouvoir d'achat a accusé un coup dur à cause notamment de la nouvelle loi des chèques et l'échec des institutions bancaires et financières à trouver des alternatives au niveau du système de paiement à échéances. Cette crise que vit actuellement le secteur du tourisme est due justement à l'incapacité des Tunisiens à payer leurs vacances cash", nous a indiqué l'expert en économie et en finances, Mohamed Salah Jennadi.

Selon, en effet, les données récentes de la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien, " le marché local a généré six millions de nuitées en 2024 sur un total de 26 millions, soit près d’un quart de la fréquentation globale". Certains observateurs rappellent que, dans plusieurs pays, le  client passe à l'achat d’un service ou d’une marchandise et choisit de payer par carte bancaire en plusieurs fois (le vendeur doit proposer ce service sur son site web ou en point de vente). Le client saisit ses informations bancaires et choisit la formule de règlement adaptée à ses besoins (les échéances sont fixées lors de l'achat). Il est ainsi recommandé de généraliser cette méthode de paiement pour venir en aide aux clients bloqués par cette nouvelle loi des chèques. Que faire, de fait, pour aider cette clientèle locale à faire face aux répercussions de la nouvelle loi des chèques et opter pour de nouveaux modes de paiement à échéances ?

Cartes de crédit...
Interrogé à ce sujet, notre interlocuteur du jour, en l'occurrence l'expert en économie et en finance, Mohamed Salah Jennadi, nous a rappelé : " Depuis la promulgation de cette nouvelle loi sur les chèques, le cash a explosé en Tunisie. Seulement, il faut avoir de l’argent liquide pour continuer à vivre normalement, «30% des achats se font à crédit en Tunisie et le chèque était le mode de paiement le plus sûr. De fait, avec cette nouvelle loi, le volume des grandes transactions va baisser automatiquement de 30%. Ainsi, les entreprises et l’économie nationale risquent de connaître un coup de frein» ".
Intervenant également sur les ondes de radio Mosaïque fm, Ahmed Karam, expert financier et président d'honneur de l'Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers, a estimé que " l'amendement du Code de commerce est bénéfique pour les banques parce qu'il va contribuer à la rationalisation de l'emploi des chèques, comme moyen de paiement".
Il a ajouté, en revanche, que des mesures complémentaires doivent être prises dans l'immédiat pour limiter le recours à l'argent liquide. Ahmed Karam a, ainsi, proposé trois solutions pour remplacer le chèque comme moyen de paiement. "La première est le virement bancaire immédiat qui assure le paiement en quelques secondes. La deuxième est la carte de paiement qui est souvent utilisée pour le retrait de l'argent, alors que la troisième est l'usage des moyens de paiement électronique sur Internet ou par Smartphone", a-t-il expliqué.
Ainsi, ces trois modes de paiement doivent être repensés afin de répondre aux besoins des Tunisiens, notamment lors de l'achat à crédit. Pour l'expert en économie et en finance, Mohamed Salah Jennadi : " Les banques doivent faire un effort afin d'aider leurs clients à financer leurs achats et leurs besoins différents. A cet effet, les cartes bancaires doivent être de vraies cartes de crédit et non pas uniquement de retrait".

M.B.S.M.

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