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Editorial : Quand l’Europe tourne le dos à son devoir moral…

Par Chokri Baccouche

La France demande que la presse libre puisse accéder à Gaza pour montrer ce qu’il se passe dans le territoire en danger de famine, après 21 mois d’offensive, a déclaré hier le ministre français des Affaires étrangères, Jean Noël Barrot. 660 jours après le déclenchement de cette sordide guerre, les responsables français n’ont pas encore une idée exhaustive sur la tragédie qui se déroule dans l’enclave palestinienne sinistrée. Raison pour laquelle l’Hexagone demande solennellement au Premier ministre sioniste, Netanyahu, l’autorisation de permettre aux médias français de se rendre sur place pour faire éclater la vérité. Les propos du chef de la diplomatie française laissent tout de même perplexe, et pour cause ! Après tout ce temps, tous ces massacres et toutes ces horreurs israéliennes diffusés en boucle au quotidien sur les chaines télé du monde entier, on ne s’est pas fait encore une idée objective sur ce qui se passe dans ce territoire palestinien occupé, livré à la barbarie sioniste ?!!! Certes, il y a des personnes qui ont un retard dans l’allumage, inconsciemment ou délibérément, cela dépend de leur réelle intention, mais là on peut dire qu’on dépasse toutes les bornes. Les déclarations de M. Barrot prêtent, en tout cas, au rire surtout si l’on sait que les services de renseignements français sont connus pour leur résilience et leur compétence. Ils sont capables, dit-on, de déterminer avec précision le sexe d’une mouche en plein vol. Une façon de dire que rien ne leur échappe et qu’ils sont au fait de tout ce qui se déroule aux quatre coins de la planète. Curieux tout de même que M. Barrot, qui a à portée de main une logistique aussi impressionnante, ne connaît que dalle sur la méga-tragédie qui fait la une de l’actualité dans l’univers des médias à l’échelle internationale, et ce, depuis près de deux années successives.

Des journalistes français vont donc être dépêchés incessamment pour livrer leur témoignage sur les événements sanglants qui secouent Gaza. On leur souhaite beaucoup de chance, on salue d’ores et déjà leur courage et on prie pour qu’ils retournent sains et saufs à leurs familles. Pourquoi ? Parce que le journalisme est un métier à très haut risque, particulièrement dans cette partie du monde. Beaucoup plus que dans n’importe quel autre conflit, la guerre à Gaza est devenue, en effet, une véritable hécatombe pour les hommes des médias. Les dirigeants sionistes ont donné ordre à leurs nervis en brodequins de les abattre à vue sans sommation. Environ 200 journalistes palestiniens ont péri ainsi sous les balles des snipers sionistes qui leur ont tiré dessus comme dans un stand d’une fête foraine. La raison de ces tueries avalisées par le gouvernement Netanyahu est bien sûr de faire en sorte que le génocide contre les Palestiniens se déroule à huis clos et que la vérité sur les atrocités de l’armée israélienne ne soit jamais connue par l’opinion publique internationale. Depuis des mois, la France «réclame un cessez-le-feu» et dénonce une situation humanitaire « inacceptable » à Gaza. La partition que rejoue inlassablement le Quai d’Orsay a quelque peu changé cette fois-ci mais le fond reste en définitive le même. La France se contente en effet du moins que le smig face au drame gazaoui. Certes, il lui arrive de temps à autre de critiquer gentiment les dérives génocidaires du Premier ministre israélien et de la clique extrémiste de son gouvernement, mais elle s’empêche d’agir véritablement sur le cours des événements pour faire cesser ces massacres de masse. Elle est en fait à l’image de cette Europe divisée et qui n’arrive pas à trouver le moindre compromis entre les pays membres de l’U.E pour adopter au moins une position commune pour faire pression sur les dirigeants sionistes afin de les inciter à mettre un terme à leur pogrom dans les territoires occupés.

Malgré un rapport faisant état d'"indications" selon lesquelles Israël a violé ses obligations en matière de droits de l'homme à Gaza, les dirigeants européens ne sont pas parvenus jusqu’à aujourd’hui à se mettre d'accord sur ce qu'il convient de faire. Pis encore, une majorité de pays de l'UE a ordonné la révision de l'accord conclu entre l'Union et Israël, mais cette requête n’a abouti à rien. Bref, le Vieux continent, qui n’a pas réussi à exorciser les démons du passé particulièrement durant l’épisode tragique de la Seconde Guerre mondiale, continue à tourner en rond. Le plus pathétique et dramatique dans tout cela, c’est que les Européens expient leurs péchés et soldent leurs mauvais comptes sur le dos des Palestiniens. Par acquit de conscience et par souci de justice, les dirigeants européens doivent et peuvent faire beaucoup mieux pour faire cesser l’holocauste des Palestiniens. Ils gagneraient à se rendre à l’évidence qu’on ne peut jamais soigner un mal par un mal encore plus grand, encore moins se dédouaner sur le dos d’un peuple innocent qui lutte pour sa survie et qui est menacé aujourd’hui d’extermination. L’Europe ne peut continuer à tourner le dos à son devoir moral et aux valeurs de liberté et de démocratie dont elle s’est faite l’avocate attitrée. Sa crédibilité aux yeux des peuples du « Sud global » est, aujourd’hui, plus que jamais mise à l’épreuve…

C.B.

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