Il a suffi de citer « la Place Mohamed Ali » dans le communiqué de l’opposition appelant à manifester le 25 juillet prochain pour voir cette coalition s’effriter et l’UGTT embarrassée…
Finalement, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) est sortie de son silence pour nier toute implication dans la manifestation que devrait organiser le Front du salut et le Réseau tunisien des droits et des libertés le 25 juillet à l’occasion de la célébration de la fête de la République. Dans un communiqué publié tard lundi dernier, la Centrale syndicale s’est dite pas concernée par cette manifestation et le fait que ses organisateurs ont cité la Place Mohamed Ali comme point de rassemblement pour les manifestants ne veut pas dire que l’UGTT est concernée par ce mouvement.
A rappeler que la Place Mohamed Ali est un lieu symbolique connu pour avoir abrité depuis l’indépendance des milliers de mouvements et d’actions politiques et syndicales. La place abrite également le siège central de l’Union générale tunisienne du travail. Interrogé, par ailleurs, à ce sujet, l’activiste et universitaire Salem Chérif nous a indiqué : « Je pense qu’il s’agit-là de manipulation de la part de l’opposition qui a cherché à impliquer la direction de la Centrale syndicale dans un conflit qui n’est pas le sien. D’ailleurs, dans le communiqué publié lundi dernier, l’UGTT a implicitement accusé cette coalition de manipulation en citant la Place Mohamed Ali comme point de départ de ladite manifestation ».
Secouée par une grave crise, l’Union générale tunisienne du travail a perdu beaucoup de son prestige et de sa popularité. Pour les analystes et autres observateurs, la Centrale syndicale ne peut pas, en effet, aujourd’hui « s’offrir le luxe d’être en conflit avec l’exécutif », nous dira l’universitaire Salem Chérif. Quel rôle peut jouer alors dans ce contexte l’UGTT,
Flou…
Même si l’opposition a finalement annulé cette manifestation qui devrait avoir lieu le 25 juillet, certains observateurs estiment que l’Union générale tunisienne du travail est aujourd’hui appelée à résoudre ses problèmes internes afin de retrouver sa crédibilité et sa popularité.
Dans une déclaration accordée aux journalistes de l’International Trade Union Confederation, Tarek Kahlaoui, professeur de sciences politiques à la South Mediterranean University de Tunis, estime que « l’UGTT se trouve en position de faiblesse après avoir perdu le soutien de la population. Une partie importante de l’opinion la considère comme faisant partie de l’élite au gouvernement pendant la transition et qui n’a pas réussi à apporter la prospérité au pays». Et d’ajouter : «Depuis plusieurs années, l’Union générale tunisienne du travail fait l’objet d’une campagne qui impute à ses mouvements de grèves la responsabilité de la crise économique et de la corruption. Des poursuites judiciaires ont également été engagées contre certains de ses dirigeants». Le chercheur au Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Romdhane Ben Amor, cité par la même source, invoque cependant un autre facteur pour expliquer la faiblesse du syndicat : « il s’agit de sa crise interne. En 2021, la direction actuelle a modifié les règles internes de l’organisation relatives à l’élection de ses dirigeants. Une grande partie de syndicalistes a rejeté ce changement et s’est constituée en opposition interne. Il en résulte un blocage dans la prise de décision». Ben Amor pointe du doigt un autre désaccord entre les dirigeants les plus anciens et les plus jeunes, qui défendent des valeurs et des points de vue différents sur le rôle et les stratégies du syndicat. Bien que les désaccords internes aient eu par le passé des causes politiques, notamment avec le soutien d’une faction au président de la République, Kais Saïed».
Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Légende : Repenser l’action syndicale…
Manifestation du 25 juillet : L’opposition a-t-elle cherché à mettre l’UGTT dans l’embarras?
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