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Éditorial : Convaincre les Tunisiens du monde à investir chez eux - Par Hassan GHEDIRI

Bien qu’elle soit devenue ces dernières années le principal pourvoyeur, constant et durable de devises pour le pays, la diaspora tunisienne continue de susciter des avis très partagés. De plus en plus perçue comme un générateur de «fuite des cerveaux», elle est également vue comme un levier de développement d’une puissance inestimable… mais encore trop peu mobilisé.
Profitant du retour massif des Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) durant la période estivale, l’Association des Tunisiens des Grandes Écoles (ATUGE) a lancé, le 15 juillet, «Le mois de la diaspora». Au programme de cet événement qui se poursuivra jusqu’au 15 août 2025, une série de rencontres organisées dans les régions du nord, du centre et du sud du pays. L’objectif affiché étant clair: renouer les liens avec les talents expatriés, répartis aux quatre coins du monde, et les impliquer dans les défis et les nouvelles aspirations de la Tunisie. L’initiative vise aussi à favoriser les échanges entre experts, mentors et investisseurs tunisiens de l’étranger et les écosystèmes entrepreneuriaux locaux. Il s’agit de créer des passerelles concrètes entre les compétences de la diaspora et les dynamiques régionales.
Avec près de 1,8 million de citoyens installés principalement en Europe et dans les pays du Golfe, la diaspora tunisienne reste incontestablement une des principales sources de financement de l’économie nationale. En 2024, les transferts en devises générés par les TRE ont ainsi représenté près de 30 % des réserves de change de la Banque centrale de Tunisie (BCT), soit l’équivalent de 6,5 % du PIB. Un poids considérable qui confirme le rôle fondamental que joue la diaspora dans la stimulation de la consommation et dans la croissance économique.
Lors d’un forum organisé au début de la semaine à Tunis par l’ATUGE, Fethi Zouhair Nouri, patron de la BCT, a rappelé que la diaspora constitue un capital humain qu’il est urgent d’impliquer davantage dans les politiques de développement durable du pays. Il a insisté sur l’importance de mettre en place des instruments d’investissement innovants, adaptés aux besoins spécifiques des TRE, en s’inspirant des meilleures pratiques internationales.
Parmi ces instruments, le chef de la banque des banques cite l’introduction des «obligations de la diaspora» (diaspora bonds pour les intimes). Cet instrument, déjà expérimenté avec succès dans plusieurs pays africains comme l’Éthiopie, figure en bonne place parmi les pistes envisagées par la BCT. Une fois mis en place, il permettrait de mobiliser l’épargne de la diaspora pour financer les priorités nationales.
Dans un contexte où la rémunération de l’épargne reste faible dans les pays d’accueil, à l’instar de la France où elle peine à dépasser les 2 %, les diaspora bonds proposées par le chef de la BCT pourraient séduire nombre de TRE à la recherche de placements à la fois rentables et utiles à leur pays d’origine. Pour l’État tunisien, ce serait un moyen de lever des fonds importants, de réduire sa dépendance à l’aide extérieure, et de financer son développement de manière plus autonome. A plus long terme, ces obligations pourraient également contribuer à rendre la dette publique plus soutenable. Encore faut-il que cette dynamique s’accompagne d’une véritable volonté politique et d’un cadre incitatif clair. Car la diaspora tunisienne, riche en compétences et d’engagement, attend surtout qu’on lui tende la main avec gratitude et confiance...

H.G.

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