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Flash-Grippe (2/3) : Les gestes salvateurs révélés par Dr Abdennadher

Par Abir CHEMLI

Dans une occasion antérieure nous avons évoqué l’importance d’apaiser la fièvre en cas de maladie grippale. Sauf que plusieurs autres gestes aident à améliorer l’état général du sujet souffrant. Qu’en dit le spécialiste de la santé ?


Le Dr Melek Abdennadher, médecin généraliste de première ligne explique qu’outre la prise de paracétamol (pour alléger les courbatures et fièvre) ainsi que l’allègement des vêtement et l’utilisation de pansements humides sur le front, il est surtout préconisé de bien s’hydrater en cas de grippe.


Du liquide, beaucoup de liquide...

« S’il existe une consigne à ne pas transgresser en cas de grippe c’est qu’il faut bien s’hydrater ! On doit consommer toute sorte de liquide qu’il s’agit d’eau, de jus de fruits frais, de tisanes, d’infusions ainsi que des soupes et des bouillons (idéalement à base de légumes). Mais à côté de l’hydratation, il ne faut pas oublier le lavage nasal à base de solution physiologique comme l’eau de mer. Ceci est important pour qu’il n’y ait pas de surinfection bactérienne. De fait, le virus de la grippe détruit la muqueuse du système respiratoire, ce qui peut engendrer une prolifération bactérienne. Et pour se protéger contre ce problème, il suffit de multiplier les lavages du nez par les produits adéquats afin d’éviter une éventuelle infection bactérienne. Si on respecte les règles de la bonne hygiène, qu’on applique les gestes barrières, qu’on s’hydrate et qu’on veille à baisser la fièvre, la grippe ne dépassera pas 3 à 5 jours. Et « l’intrus » finira par être éjecté par notre système immunitaire.

 
Attention au stress !
Pour ce qui est du repos, explique le Dr Abdennadher, s’il est globalement préconisé, en ce qui me concerne, je ne préconise pas le repos de façon automatique. J’explique : je crois pertinemment que chaque être humain est différent. Certaines personnes ne supportent pas d’être alité et d’être privé de sortie. Il s’agit souvent des personnes actives qui s’épanouissent en bougeant. Le fait même de leur imposer le lit et le repos total peut générer du stress chez eux. Il n’existe donc pas de formule adaptable à toutes et à tous. Certes l’idéal serait qu’une personne grippée garde le lit, mais si cela peut stresser le patient, nous nous montrons tolérants ! D’ailleurs, un bon médecin doit être à l’écoute des besoins de son patient. Si ce dernier tient à rester actif et à aller travailler en étant malade, soit ! Qu’il le fasse ! Mais à la seule condition de ne pas exposer son environnement au danger de la contagion. Si la pratique des activités lui fait plaisir, ceci baissera son stress. Et autant le dire : le stress n’aide pas du tout ! Pis encore, il s’agit d’un facteur aggravant de l’état de la santé parce qu’il affaiblit le système immunitaire.


Dès lors si le patient éprouve du plaisir à aller travailler, il doit se montrer responsable. Et j’entends par responsable qu’il prenne son traitement, qu’il porte une bavette, qu’il ait du gel hydro-alcoolique dans sa poche, qu’il ne s’adonne pas aux étreintes et aux embrassade, qu’il ne partage pas ses affaires personnelles et n’utilise pas celles d’autrui, qu’il tousse et éternue dans l’intérieur de son coude ou dans du papier mouchoir qu’il enveloppe avec soin et jette illico presto à la poubelle.

Bref, on essaye de réappliquer à la lettre les mêmes consignes que nous avons utilisé lors de la pandémie du coronavirus puisqu’il s’agit aussi de maladie virale ! Car, qui dit maladie virale, dit risque de contagion. Et dois-je noter ici, que si nous avons été très secoués par le coronavirus tant il s’agit d’une épidémie, nous autres médecins, affrontons chaque année moult maladies virales. Nos hôpitaux sont souvent archicombles en période de pic, notamment grippal. Et pour toutes ces raisons réunies, nous préférons que le patient reste à la maison quitte à ce qu’il pratique ses activités depuis la maison ! Seuls ceux dotés par un grand sens de responsabilités seraient autorisés de sortir.
De façon générale, il ne faut pas céder à la volonté du patient si cela ne sert pas sa santé. Car si le patient tient à se rendre sur les lieux de son travail tout en ayant le virus de la grippe, le médecin traitant sera contraint de lui prescrire des anti-inflammatoires ou des corticoïdes.


Les corticoïdes agissent sur les symptômes, pas la maladie !
Il faut appeler un chat, un chat ! Les corticoïdes ne sont pas inoffensifs ! Ils agissent certes contre les symptômes. Mais, ces symptômes prouvent que le système immunitaire répond et fonctionne. Donc, en contrant les symptômes via les corticoïdes, on émet une sorte de message au système immunitaire : celui de se mettre au repos ! Et on inhibe par conséquent la défense naturelle du corps humain ! Ce dernier ne fonctionne plus et laisse les corticoïdes agir à sa place. Or seul le système immunitaire est capable de vaincre un virus et de l’éjecter en tant qu’intrus. Les corticoïdes eux, vont faire disparaître les symptômes, par contre le virus va continuer de ravager le corps de façon insidieuse ! D’où la gravité de la chose ! Une fois que l’effet des corticoïdes prend fin, le corps sera tellement affaibli qu’à la moindre maladie, que le patient se retrouvera admis au service de réanimation !

D’ailleurs, c’est ce qui s’est passé durant le pic du coronavirus. Au tout début de l’épidémie, plusieurs personnes ont été tellement asthéniques et affaiblis par les symptômes qu’on leur a prescrit des corticoïdes pour les soulager. Sauf qu’on a su par la suite qu’un grand pourcentage de ceux ayant été admis en réanimation, sont justement ceux qui ont pris des corticoïdes en début de maladie. Certes leur état s’améliore au départ, mais au bout de trois, cinq, voire 10 jours, le taux d’oxygène dans le sang chute parce que le virus s’est bel et bien propagé sans symptômes et ravagé le corps !

Nonobstant, je ne dis pas du tout que les corticoïdes sont toujours néfastes ou nuisibles ! Bien au contraire, ce genre de médication a ses propres indications précises. Et seul le médecin est à même de les prescrire aussi bien pour le traitement des états grippaux comme dans d’autres maladies lorsqu'il le juge nécessaire et lorsque l’état du patient l’exige ».
A suivre...

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