Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
C'est la ministre de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées qui
l'a annoncé au Parlement. Le programme national d’évaluation
et de préparation au mariage sera lancé en 2026. Quels sont les axes de ce plan ?
La ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, Asma Jaber, a déclaré lors de la séance générale consacrée à l’examen du budget de son ministère tenue mardi dernier au Parlement que l’année 2026 verra le démarrage du premier axe d’un plan national portant sur le renforcement de la cohésion familiale et ce dans le cadre du Programme national d’évaluation et de préparation au mariage.
Selon la ministre, ce programme visera en premier lieu "à accompagner les jeunes et les futurs époux dans la construction d’un projet conjugal solide". Et d'ajouter : "L’objectif est double : réhabiliter la place du mariage auprès des jeunes générations et offrir un encadrement structuré à celles et ceux qui s’apprêtent à fonder un foyer". Qu’en pensent justement les spécialistes?
Interrogé à ce sujet, l'avocat Me Houssem Eddine Ben Atiya nous a confié : « Il est évident que l'institution du mariage est plus que jamais menacée et les statistiques confirment d'ailleurs ce constat, puisque nos Tribunaux prononcent 40 jugements de divorce par jour.
Et les raisons sont multiples. Je citerais entre autres les difficultés financières et l'incompatibilité d'humeur ainsi que l'absence d'une éducation sexuelle. On peut alors déduire que les candidats au mariage prennent fréquemment la décision de se mettre en couple d'une manière non réfléchie. Alors, on se marie vite et on divorce vite ».
En effet, dans une déclaration donnée à Gnet news, le chercheur en sociologie Tarek Belhadj Mohamed s'est penché sur la question en révélant : « Avant, le mariage était un projet de vie, aujourd’hui c’est devenu un passage de vie ». Le sociologue compare l’institution du mariage à une entreprise : "Quand un couple se marie de nos jours, c’est comme deux actionnaires qui se mettent d’accord pour monter une entreprise.
Le contrat qui les unit n’est plus symbolique mais matériel". Justement, selon l’Institut national de la statistique, les problèmes financiers sont la première cause du divorce en Tunisie. Quelles sont, alors, les chances de réussite de ce programme ?
Qu’en pensent les concernés ?
Nous avons, de fait, interrogé les premiers concernés. A cet effet, Haroun, un jeune homme de 25 ans, nous a indiqué : " Se marier coûte de nos jours trop cher. Les dépenses relatives à ce projet dissuadent les jeunes à se marier.
Alors, lorsqu'on prend ce risque, les problèmes surgissent rapidement et affectent la stabilité du couple. A mon avis, il faut aider les jeunes couples financièrement en plus de les assister psychologiquement et socialement".
De son côté, Sarra, jeune fille de 28 ans, nous a déclaré : " Il faut l'avouer... les jeunes aujourd'hui ne sont pas faits pour le mariage. Ils sont irresponsables et immatures. Donc, il faut leur apprendre les principes du mariage et leur inculquer la culture sociale qui va avec ».
Idem pour Me Ben Atiya, qui pense que ce programme annoncé par le ministère de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées doit prendre en compte l'importance de l'accompagnement conjugal et familial, visant à réduire les conflits au sein des familles et à intervenir précocement avant la rupture.
Il faut également réviser le système relatif à la pension alimentaire et à la rente de divorce, ainsi qu’un nouveau cadre de médiation familiale destiné à atténuer les répercussions de la séparation sur les enfants.
M.B.S.M.

