Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Quelles sont les retombées de la résolution concernant la Bande de Gaza adoptée lundi dernier par le Conseil de sécurité de l’ONU sur la paix au Moyen Orient et pourquoi le vote de l’Algérie a été critiqué ?
Treize des membres du Conseil de sécurité de l’ONU, dont l’Algérie, se sont prononcés lundi dernier en faveur de la résolution prévoyant en particulier le déploiement d’une force internationale dans le cadre du plan de paix de Donald Trump à Gaza.
Selon l’agence de presse AFP : « Plusieurs fois modifiée lors de négociations sensibles, la résolution "endosse" le plan du président américain qui a permis, depuis le 10 octobre, un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien ». Le texte, vu par l’AFP, « donne mandat jusqu’au 31 décembre 2027 à un "Comité de la paix", organe de "gouvernance de transition" jusqu’à la réforme de l’Autorité palestinienne.
Ce comité doit être présidé par Donald Trump. La résolution "autorise" aussi une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de la sécurisation des frontières avec Israël et l’Egypte, de la démilitarisation de Gaza, du désarmement "des groupes armés non étatiques", de la protection des civils et de la formation d’une police palestinienne. La composition de cette force n’est pas évoquée ». Qu’en est-il, de fait, d’un Etat palestinien ?
Contrairement aux premières versions, l’éventualité d’un Etat palestinien est mentionnée. Après la réforme de l’Autorité palestinienne, "les conditions pourraient finalement être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d’Etat", dit le texte.
Réaction immédiate du Hamas : « Le texte, soutenu par l’Autorité palestinienne, "ne répond (ait) pas aux exigences et aux droits politiques et humains" des Palestiniens. Il "impose un mécanisme de tutelle internationale sur la bande de Gaza, ce que notre peuple, ses forces et ses composantes rejettent ».
Depuis, la position de l’Algérie qui a voté pour cette résolution est au cœur d’une grande polémique…Qu’en pensent justement les analystes politiques ?
Fragile …
Pour l’universitaire, Nasreddine Souilmi : « A mon avis, il faut lire le vote algérien en prenant compte du contexte géopolitique actuel, notamment concernant le dossier du Sahara occidental. Le soutien de l’Algérie pour la Cause palestinienne a été fragilisé suite au vote du même Conseil de sécurité de l’ONU en faveur du Maroc et son projet d’autonomie pour le Sahara occidental.
Donc, l’Algérie a harmonisé sa politique diplomatique avec cette nouvelle donne. La normalisation du Royaume avec l’entité sioniste a créé une nouvelle donne qui est de nature à remodeler toute la région du Maghreb, d’où cette prudence de l’Algérie qui tente d’éviter d’être entrainée dans une escalade aux retombées néfastes sur toute la région ».
De son côté, l’universitaire Salem Chérif nous a confié : « Personnellement, je pense que ce vote, et comme l’a précisé le ministre algérien d’État, ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, s’inscrivait dans une démarche réfléchie reposant sur plusieurs considérations objectives.
Il faut également savoir que cette résolution répond aux priorités urgentes qui se sont imposées à la communauté internationale après l’agression israélienne contre Gaza, tout en préservant les principes fondamentaux de la solution de la question palestinienne. L’autre point positif est que cette résolution réaffirme le rejet du déplacement forcé des populations et s’oppose aux plans israéliens visant à annexer ou occuper Gaza par la force militaire.
L’Algérie a aussi précisé que cette décision ne remet nullement en cause les fondements d’une solution juste, durable et définitive au conflit israélo-palestinien, conformément aux résolutions pertinentes de la légalité internationale. Donc, il s’agit d’un vote réfléchi qui prend en considération la souffrance de plus de deux millions de personnes meurtries par trois ans de guerre génocidaire ».
M.B.S.M.

