Il est totalement absurde et incroyable comment nous avons pu ne pas profiter des immenses richesses naturelles dont regorge la Tunisie. Oui, nous n’avons pas des réserves d’or ou d’uranium, ni encore des gisements de métaux précieux, de terres rares et autres ressources hautement stratégiques et indispensables pour la révolution technologique époustouflante que traverse le monde.
Nous possédons toutefois des gisements inépuisables de ce qui sont désormais considérées comme les carburants de demain, en l’occurrence les énergies renouvelables. Mère Nature, qui a échoué à convaincre le monde de l’absolue nécessité d’exploiter minutieusement ces richesses sous peine de les épuiser, a donné une chance à ceux qui savent (et veulent) bien la saisir.
La Tunisie pourrait s’estimer heureuse à se voir s’offrir cette chance de pouvoir tirer grandement profit du nouvel ordre énergétique et à balayer une fois pour toute ses craintes de dépendance et de pénuries. La nature ne fait toutefois pas de cadeaux. Pour sortir indemne des bouleversements géopolitiques, des batailles autour de l’énergie et de la menace climatique, notre pays ne peut que compter sur ses propres choix.
Dans le monde, le compte à rebours de l’après-pétrole est déjà lancé. Osons toutefois qualifier les politiques de la Tunisie de naïves et complètement stupides lorsqu’elle manque de valoriser les ressources gigantesques d’énergies renouvelables en sa disposition. L’échec est flagrant, inadmissible et injustifiable.
C’est ce que l’on pense lorsqu’on examine, par exemple, le dernier rapport sur les investissements dans les énergies renouvelables dans les pays arabes. La Tunisie est loin d’y être citée comme un pays dans lequel les énergies renouvelables attirent de grands investissements à même de refléter une véritable transition énergétique telle qu’annoncée depuis des décennies dans des centaines de rapports officiels.
En dépit de son potentiel énorme, la Tunisie échoue malheureusement à grignoter un tout petit peu des investissements colossaux injectés au cours des deux dernières années dans des projets d’énergies renouvelables dans les pays arabes.
Estimés à plus de 350 milliards de dollars américains, c’est-à-dire un peu plus d’un billion de dinars tunisiens (lire : mille milliards de dinars). Il s’agit d’un record jamais réalisé par les investissements directs étrangers (IDE) dans le monde arabe où 360 projets d’énergies renouvelables auraient été créés entre janvier 2023 et décembre 2024.
Cinq pays, à savoir l’Egypte, le Maroc, les Emirats arabes unis, la Mauritanie et la Jordanie ont accaparé plus de 80% de ces IDE avec un coût global qui dépasse les 290 milliards de dollars.
L’Egypte et le Maroc, deux pays d’Afrique de Nord, présentant des caractéristiques géographiques et climatiques presque identiques à la Tunisie, ont concentré ensemble, 57% des IDE, 153 projets et environ 200 milliards de dollars. Le constat est accablant et rappelle la grande aberration énergétique de la Tunisie.
Il relance aussi beaucoup d’interrogations demeurant en suspens et qui pouvaient se résumer ainsi : comment un pays richement doté en soleil, en vent et d’autres ressources alternatives hésite-t-il à transformer ces atouts en moteurs de développement ?
Les freins ne sont guère techniques n technologiques, ni même financiers parce que des capitaux étrangers n’attendent qu’un clin d’œil pour se bousculer au portillon de la Tunisie. Les freins sont institutionnels, politiques, bureaucratiques et réglementaires. Les défis sont multiples mais doivent en même temps être résolus en urgence pour ne pas rester spectateurs d’une révolution énergétique se jouant à nos portes.
H.G.

