Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La population tunisienne s’élève désormais à 11.972.169 âmes, et ce, selon les résultats du dernier recensement opéré en 2024. Fait marquant de ce recensement, le vieillissement de la société tunisienne. Quelles sont les retombées de cette tendance?
Le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Abdelhafidh, a annoncé hier, lors d’une conférence de presse tenue à Tunis, les résultats officiels du recensement général de la population et de l’habitat pour l’année 2024. Selon les chiffres dévoilés par l’Institut national de la statistique (INS), la population résidente en Tunisie s’élève à 11 972 169 habitants. Fait marquant de ce recensement est le vieillissement de la société tunisienne. En effet, le nombre d’enfants âgés de 4 à 6 ans est en forte baisse. Représentant 18,53 % de la population en 1966, le taux de cette tranche a chuté à 11 % en 1994, puis à 8,1 % en 2004. Elle est estimée à seulement 5,86 % en 2024. La même tendance est enregistrée pour la tranche d’âge de 4 à 15 ans, dont la proportion est passée de 27,79 % en 1966 à 18,6 % en 2004, puis à 16,77 % en 2024. La population en âge de travailler (15 à 59 ans) a également enregistré un recul. La part des personnes âgées de 60 ans et plus a connu cependant une progression notable, passant de 5,58 % en 1966 à 16,68 % en 2024, illustrant un vieillissement rapide de la population tunisienne. Cette tendance pose, de fait, plusieurs défis quant à la gestion de cette société vieillissante.
Selon, justement, l’expert en.économie et en finnances, Mohamed Salah Jennadi: «Démographie et économie ne font pas bon ménage particulièrement lorsque la tendance est pour le vieillissement. Cela suppose que la population active, minoritaire en nombre, doit travailler pour la population constituée des séniors qui est majoritaire en nombre. Alors, le déficit est énorme tant au niveau des dépenses pour la santé que pour le reste des prestations, notamment sociales». A quoi faut-il de fait s’attendre dans l’avenir?
Des défis, mais aussi des opportunités ...
Les experts s’accordent à dire que « le vieillissement de la société, un phénomène démographique majeur, engendre des effets significatifs sur divers aspects de la société, incluant l’économie, la santé, les relations familiales et le système de travail. Il se manifeste par une augmentation de la part des personnes âgées dans la population, entraînant des défis et des opportunités à relever». A cet égard, l’expert en.économie et en finnances, Mohamed Salah Jennadi, nous a confié : «L’on sait d’ores et déjà que les systèmes de retraite et de santé sont mis à rude épreuve, entraînant une augmentation des dépenses publiques.
Dans une étude dont les résultats ont été publiés récemment, on constate que le problème des charges sociales supplémentaires se pose, en effet, avec acuité et le coût de la couverture sociale devient de plus en plus lourd. Le vieillissement se traduit souvent au niveau des caisses de sécurité sociale «par un rapport démographique défavorable, c’est le rapport des
actifs aux inactifs assurés sociaux. Il signifie une charge financière pour les caisses qui, en dehors des prestations assurées à leurs affiliés actifs, doivent couvrir les soins d’un nombre croissant d’affiliés inactifs mais toujours à leur charge ». A ce titre, plusieurs indicateurs montrent les difficultés financières que connaissent les différentes caisses sociales en Tunisie. En fait, le déficit de ces caisses (CNRPS, CNSS, CNAM) qui continue de se creuser, nécessite des solutions urgentes de la part de l’État. Pour la CNRPS par exemple, selon les termes du PDG de la caisse, le nombre d’adhérents à la CNRPS est en train d’augmenter de 2,5% par an, alors que le nombre de retraités bénéficiant de revenus grâce à la caisse augmente de 5% par an. Il a précisé que l’augmentation des frais d’abonnement à la CNRPS n’est pas suffisante pour résorber un déficit estimé à 400 millions de dinars en 2020. Ce déficit serait même en train d’augmenter et il est nécessaire de trouver d’autres sources de revenus pour assurer la survie de la caisse. En outre, le PDG de la CNRPS a précisé que plusieurs facteurs tendent à aggraver le déficit des caisses de sécurité sociale comme le chômage et les bouleversements démographiques que connaît la société tunisienne».
M.B.S.M.