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Désaffection grandissante des élèves pour les études scientifiques : L’urgence d’enrayer une «désertification galopante»…

Par Hassan GHEDIRI

Moteurs de croissance, les secteurs de la technologie et de l’ingénierie en Tunisie ne sont pas seulement pénalisés par la fuite des cerveaux, mais également par la «désertification» accélérée des filières scientifiques…

Dans le livre blanc consacré au système de formation d’ingénieurs en Tunisie, rendu public au début de la semaine, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique s’attarde sur le rythme et les caractéristiques de l’évolution de l’effectif des bacheliers au cours de ces dernières années. L’orientation scolaire fait ainsi état d’une régression alarmante du nombre d’élèves qui optent pour la section mathématiques (environ 6% des élèves inscrits en classe terminale du cycle secondaire de l’année 2022/2023). Le nombre de bacheliers dans la section Economie-Gestion continue quant à lui à augmenter pour représenter aujourd’hui plus de 33% de l’effectif global des bacheliers en Tunisie. Combiné avec la section Sciences-Informatiques, ce taux dépasse les 40%. Le livre blanc épingle, d’autre part, un déséquilibre régional flagrant en ce qui concerne le nombre et la qualité de formation des bacheliers. Une situation qui explique le nombre grandissant des candidats présentant des lacunes les empêchant d’intégrer une formation et une carrière d’ingénieur. 

En effet, le ministère de l’Enseignement supérieur reconnaît que le système éducatif tunisien peine à promouvoir les filières scientifiques. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les STEM sont considérées comme des piliers essentiels pour le développement économique et technologique d’un pays. Or, la baisse du nombre d’élèves choisissant les sections scientifiques reflète non seulement un manque d’intérêt pour ces disciplines, mais aussi un déficit dans la qualité de l’enseignement dispensé. Ces difficultés compromettent leur réussite dans des formations exigeantes et limitent leurs perspectives de carrière dans des domaines pourtant cruciaux pour l’avenir du pays.

La désaffection pour les filières scientifiques et les lacunes dans la formation des bacheliers ont des répercussions directes sur l’économie tunisienne. Les secteurs de la technologie, de l’ingénierie et de l’innovation, qui sont des moteurs de croissance dans un monde de plus en plus numérisé, risquent de souffrir de cette pénurie de compétences. De plus, la Tunisie, qui aspire à se positionner comme un hub régional pour les industries high-tech, pourrait voir ses ambitions compromises si elle ne parvient pas à former une nouvelle génération d’ingénieurs et de scientifiques compétents.

Face à cette situation, il est impératif d’adopter des mesures concrètes pour remédier aux dysfonctionnements actuels et inverser la tendance. Le système éducatif tunisien doit repenser sa pédagogie afin de rendre les sciences plus attractives et accessibles. La réforme de l’éducation, qui tarde à dévoiler ses orientations majeures, doit obligatoirement intégrer des méthodes d’enseignement modernes, basées sur l’expérimentation, l’innovation et la collaboration. La revalorisation des filières scientifiques passe par une refonte intégrale de méthodologies d’initiation et d’apprentissage à travers l’introduction de projets scientifiques et technologiques dès le collège et le lycée, ce qui est de nature à susciter l’intérêt des élèves pour ces domaines.

Pour pallier le manque d’infrastructures et de ressources, le ministère pourrait encourager des partenariats avec des entreprises technologiques et des universités internationales. Ces collaborations permettraient aux élèves d’accéder à des équipements modernes, de bénéficier de programmes d’échange et de stages, et d’avoir un aperçu concret des exigences du marché du travail dans le domaine scientifique et technologique. Pour la Tunisie, il y va de son avenir économique et technologique. Seule une réforme ambitieuse et une révision en profondeur des priorités éducatives garantiront l’insertion de la Tunisie dans la dynamique des progrès scientifiques et technologiques qui bouleversent le monde.

H.G.

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