Devenir entrepreneur en un claquement de doigt peut sembler relever de la science-fiction, mais cela tend à devenir presque possible dans beaucoup d’économies dans le monde. Aujourd’hui, il est par exemple possible de créer et enregistrer une entreprise au Royaume-Uni pour l’équivalent de 47 dinars et être opérationnelle en 24 heures.
Mais Il ne s’agit certes pas de sociétés au sens classique du terme, mais d’entreprises à distance sans installation physique. Ceci montre à quel point l’entrepreneuriat a évolué en 2025 dans le monde. Les exemples sont légion et ils sont là pour répondre à ceux qui se demandent encore pourquoi nos jeunes fuient en masse le pays et pourquoi notre économie a de plus en plus de mal à attirer les entrepreneurs étrangers.
Les jeunes qui décident de se jeter dans l’eau, croyant être capables de réussir dans l’entrepreneuriat, voient leur rêve voler en éclats lorsqu’ils se trouvent pris dans l’engrenage d’une machine bureaucratique infernale. Un des milliers d’entrepreneurs en herbe qui jettent rapidement l’éponge a été l’invité, lundi dernier, d’une émission dédiée à l’économie sur la chaine Telvza TV.
Rayan Ben Hattab a raconté comment il a été contraint d’abandonner sa petite usine de textile sans fabriquer le moindre article, à cause de la complexité des formalités administratives et le parcours de combattant entre les ministères, les administrations et les agences publiques.
Ce qui est arrivé à Rayan n’a rien de surprenant lorsqu’on voit la dégringolade de la Tunisie dans les classements internationaux en ce qui concerne la facilité d’entreprendre. Dans le dernier rapport Business Ready publié en 2024 par la Banque Mondiale, notre pays ne figure même pas parmi les 15 premières économies d’Afrique en matière d’attractivité du climat d’affaires.
Des pays comme le Rwanda, le Botswana, le Togo, la Tanzanie et le Ghana occupent, par contre, des places au top 10 des meilleurs pays pour créer une entreprise. Si ces pays ont pu le faire, c’est parce qu’ils ont simplifié les procédures et éliminé les obstacles qui entravent l’investissement en termes de coût, de délais et de démarches administratives.
Pour rattraper notre retard et se repositionner parmi les économies où il est plus facile d’entreprendre, d’aucuns croient qu’il faut absolument dématérialiser les procédures. C’est par la digitalisation de l’administration que l’on pourrait éradiquer la corruption et se libérer de l’emprise de la bureaucratie. Rien n’empêche en fait de le faire, parce que les législations sont là.
La volonté politique doit être plus ferme pour espérer se hisser au rang des pays où l’on peut créer une entreprise en un claquement de doigt. Ce qui est absurde, c’est que l’Etat avait annoncé, il y a quelques années, qu’une plateforme électronique pour simplifier l’investissement était en cours de construction. Le projet manque toujours d’aboutir parce qu’il s’est heurté, ironie du sort, aux mêmes lourdeurs administratives qu’il était censé abolir.
Tant que la bureaucratie continuera à régner, aucun plan de relance, aucune réforme économique ne pourra porter ses fruits. L’investissement ne peut pas prospérer dans un environnement où la rigidité administrative fait chaque jour avorter des centaines de projets et décourager des milliers de jeunes promoteurs à franchir le pas. Pour renouer avec l’innovation, la prospérité et la croissance, la Tunisie doit briser ses chaînes administratives.
H.G.

