Comment s’unir, agir et résister ensemble pour la défense des droits des femmes, des filles et leur égalité avec les hommes et les garçons ? C’est la question centrale de la 4ème Conférence ministérielle des diplomaties féministes que la France accueille les 22 et 23 octobre 2025 et à laquelle participe la diplomatie tunisienne. Cette conférence rassemble des ministères des Affaires étrangères de toutes les régions du monde, des représentants d’organisations internationales, de banques publiques de développement, ainsi que de la société civile, de la recherche et des fondations philanthropiques.
Depuis 2019, aux côtés d’autres partenaires, la France porte une diplomatie féministe, érigeant l’égalité de genre et les droits des femmes en priorité transversale de son action extérieure et de ses partenariats internationaux. Loin d’un discours incantatoire, cette diplomatie féministe s’incarne dans des politiques publiques concrètes et des partenariats solides. L’égalité des femmes en droit doit devenir une égalité réelle. C’est la clé pour progresser de manière décisive sur l’ensemble des 17 objectifs du développement durable que l’ensemble des pays membres des nations unies se sont fixé pour 2030.
L’exemple tunisien
En Tunisie, pays pionnier de l’égalité femmes-hommes, notre partenariat se traduit par des projets au service de l’autonomisation des femmes et de l’égalité. Citons à titre d’exemple les projets pour l’« Emancipation des femmes et organisations agricoles » (EFOR), mais aussi sur « Femmes et accélération pour les start-ups & TPE » (FAST). Nous clôturerons ce vendredi 24 octobreaux côtés d’Onufemmesle programme régional « Ajyal Egalité » qui a permis de soutenir plus de 3 185 femmes victimes de violence au Maghrebet a œuvré pour renforcer la culture de l'égalité dans les politiques publiques et l'espace médiatique. Tous ces projets ont été financés par l’Agence française de développement et mis en œuvre par Expertise France. L’égalité femmes-hommes est un objectif commun à tous nos autres projets de coopération, et nous veillons à ce que à ce que les initiatives soutenues bénéficient à part égale aux citoyennes et aux citoyens et contribuent à promouvoir des rapports plus équilibrés et équitables entre les genres (ex : dortoirs féminins sécurisés dédiés dans les centres de formation professionnelle réhabilités).Pour cela, nous appuyons le travail d’organisations de la société civile à Tunis mais aussi à Kasserine, à Sidi Bouzid ou au Kef, qui œuvrent chaque jour pour lutter contre les stéréotypes, les inégalités, et les violences contreles femmes dans toutes leurs dimensions. Elles sont nombreuses sur l'ensemble du territoire tunisien à répondre aux besoins des femmes.
La France et ses partenaires agissent en faveur des droits des femmes et des filles
La France a fait de la défense des droits des femmes et des filles et de leur égalité avec les hommes et les garçons un enjeu stratégique et géopolitique pour construire des sociétés justes, inclusives, pacifiques et durables. La recherche démontre que la participation des femmes aux processus de négociation augmente de 35% la probabilité qu’un processus soit durable. De la même manière, les politiques qui intègrent pleinement l’égalité de genre permettent de lutter plus efficacement contre le réchauffement climatique, de stimuler la croissance et de renforcer la résilience de nos sociétés.
Le 7 mars 2025, la France a présenté saStratégie internationale pour une diplomatie féministe. La défense des droits et santé sexuels et reproductifs y est renforcée. De nouvelles priorités sont érigées, plaçant l’égalité des femmes avec les hommes au cœur de la réponse de la France aux défis contemporains : crises et conflits, changement climatique, santé, finance internationale, numérique et intelligence artificielle.
La diplomatie féministe de la France met en œuvre des initiatives emblématiques. C’est le cas du Fonds de soutien aux organisations féministes (FSOF), lancé en 2020 au bénéfice de plus de 1 400 organisations dans 75 pays. Un autre exemple est le laboratoire pour les droits des femmes en ligne, créé en 2024. Il s’agit de la première plateforme internationale d’échange et d’incubation de projets contre les violences fondées sur le genre dans l’environnement numérique.
Alors que les inégalités de genre persistent, beaucoup reste à faire
Malgré ces initiatives et les progrès réalisés par la communauté internationale, beaucoup reste à faire. Au rythme actuel, il faudrait selon ONU Femmes près de 300 ans pour atteindre l’égalité réelle dans le monde.
Aujourd’hui encore, les inégalités de genre persistent, voire s’aggravent. Les violences sexuelles liées aux conflits ont augmenté de 50 % entre 2022 et 2023. Dans de trop nombreux pays, des millions de femmes sont privées du droit fondamental de disposer de leur corps : 193 millions de femmes n’ont accès à l’avortement que lorsque leur vie est en danger et 142 millions n’y ont accès en aucune circonstance. Et même là où ce droit est reconnu par la loi, comme c'est le cas en Tunisie, des barrières de différentes natures entravent sa réalisation en particulier pour les femmes de milieux socio-économiques défavorisés. Partout où les crises ébranlent le tissu social, en Afghanistan, en Iran, à Gaza, en Ukraine, au Soudan, ce sont d’abord les droits des femmes qui en sont victimes, à commencer par le droit à l'éducation des femmes et des filles. Or, comme le rappelait la pionnière du féminisme tunisien Bchira Ben Mrad dès 1936 « Instruisez les femmes si vous désirez ladignité et la vie ».
Une Conférence de haut-niveau pour réaffirmer notre détermination et ambition collective
Dans un contexte international marqué par une baisse importante des financements dédiés et la montée en puissance des mouvements anti-droits, la 4ème Conférence ministérielle des diplomaties féministes réaffirmera notre détermination commune à défendre et promouvoir les droits des femmes et de l’égalité de genre, sans accepter aucune régression.
La Tunisie peut continuer de jouer un rôle de fer-de-lance dans la région Afrique du Nord & Moyen-Orient en embrassant pleinement le concept de diplomatie féministe. Le taux de féminisation du ministère des Affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger, l’antériorité des acquis obtenus pour les droits des femmes tunisiennes et l’engagement continu des autorités et des militantes sur cet enjeu font de la Tunisie un pays qui a une aura particulière et un rôle moteur en la matière. Ensemble, nous continuons d’agir pour porter le combat pour l’égalité./.