Par Hassan GHEDIRI
Malgré une légère progression des exportations entre janvier et septembre, le déficit commercial de la Tunisie a continué à se creuser, illustrant les limites et les fragilités de son commerce extérieur…
C’est désormais le constat, le même, que l’on se voit établir après chaque publication par l’Institut national de la statistique (INS) des données sur le commerce extérieur de la Tunisie.
Dans son nouveau bulletin fraichement communiqué, l’autorité de la statistique publique fait l’état d’une quasi-stagnation des exportations au mois de septembre dernier en s’établissant aux alentours de 46,420 milliards de dinars (MD) contre une progression des importations de 5,4% pour s’approcher de 63,200 MD.
Par ce fait, le taux de couverture des importations par les exportations a perdu quatre points pour se situer à 73,5% au mois de septembre 2025 après avoir été de l’ordre de 77,5 % le même mois de 2024. Cette tendance peut traduire une reprise plus rapide de la demande intérieure par rapport à la capacité de production de l’économie nationale, mais également par une dépendance croissante vis-à-vis les marchés extérieurs en ce qui concerne l’approvisionnement en matières premières.
L’INS laisse, d’autre part, paraitre une situation contrastée au niveau des principaux secteurs exportateurs avec, d’un côté, les industries mécaniques et électriques qui, avec le secteur de phosphate, ont affiché de bons résultats avec de meilleures performances à l’export évaluées par des hausses respectives de 6,4 et 8%.
De l’autre côté, néanmoins, le secteur de l’énergie, qui marque une dégringolade de près de 35% de ses exportations au cours des neuf premiers de l’année en cours, avec aussi la filière oléicole qui, malgré la bonne production de la saison écoulée, a été durement pénalisée par la chute des cours sur le marché international, entrainant une régression de plus de 14% des revenus des exportations.
Autre constat pouvant être dégagé des nouveaux indicateurs de l’INS sur le commerce extérieur au cours des trois premiers trimestres de 2025, qui n’est pas d’ailleurs nouveau : la dépendance chronique de la Tunisie dans ses échanges commerciaux des marchés classiques. La politique du commerce extérieur de notre pays reste étroitement axée sur l’Union européenne, ou, pour être plus précis, sur une partie d’un gigantesque marché constitué de 27 Etats membres.
a relation Tunisie-UE est loin d’être homogène puisqu’elle est centrée sur un nombre étrangement restreint de partenaires, en l’occurrence la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne.
Dépendance et disparités
C’est-à-dire quatre pays du sud de l’Union qui concentrent, à eux seuls, la majeure partie des échanges, illustrant une dépendance géographique qui perdure depuis des décennies.
Les chiffres de l’INS confirment cette dépendance et relèvent en même temps des disparités au sein de ce même groupe avec, d’une part, les exportations qui ont progressé vers la France (+8,4%) et aussi vers l’Allemagne (+11,2%) mais qui marquent une chute plus ou moins importante avec l’Espagne (-20%) et l’Italie (-10%).
La Tunisie continue par ailleurs à regarder, impuissante, sa balance commerciale bilatérale continuer à se détériorer avec la Chine et la Turquie (+17,7 %) qui ont accentué le déséquilibre des échanges en leur faveur en affichant des hausses respectives de 29,4 % et de 17,7% de leurs exportations vers la Tunisie et renforcent leur statut de fournisseurs incontournables de notre pays en dehors de l’UE, notamment pour les biens d’équipement et les produits manufacturés.
Les indicateurs du commerce extérieur, au cours des neuf premiers mois de 2025, viennent ainsi confirmer la nécessité pour la Tunisie de diversifier ses partenaires commerciaux et de se repositionner dans les chaînes de valeur mondiales.
Le défi ne consiste pas seulement à partir à la conquête de nouveaux marchés dans l’Afrique subsaharienne, en Asie ou bien encore en Amérique mais aussi de l’intégrer au sein même de l’UE et ses 450 millions de consommateurs, censés, faussement, constituer un marché acquis.
Il est en effet primordial d’aller au-delà du cercle traditionnel franco-italo-espagnol. Beaucoup de pays situés au nord et à l’est du vieux continent, tels que les Pays-Bas, la Pologne ou les pays baltes offrent des opportunités très intéressantes d’échanges dans les domaines de l’agroalimentaire, l’industrie verte ou les technologies.
H.G.