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Editorial : Arrêter de chercher des excuses pour ne rien faire !


Par Hassan GHEDIRI

Spectaculaire a été la démonstration de colère qui a eu lieu mardi dernier à Gabès où les manifestants ont été encore plus nombreux cette fois, se comptant par plusieurs dizaines de milliers selon les estimations, pour réclamer le démantèlement des unités polluantes du Groupe Chimique Tunisien. Commerces, entreprises publiques et privées, administrations, écoles et universités, tout a été fermé à l’occasion de la grève générale qui a totalement paralysé l’ensemble du gouvernorat.

Excédés par une situation qui dure depuis des décennies, les habitants de Gabès ont dit leur mot en exprimant haut et fort leur rejet de tout plan gouvernemental consistant à réformer les usines d’engrais vieillissantes responsables de la catastrophe écologique et sanitaire qui frappe la région.     

L’Etat doit apprendre à écouter les doléances des citoyens, favoriser les débats aux politiques imposées et aux solutions parachutées qui ne résolvent pas les problèmes.
L’Etat trouve de grandes difficultés à restaurer la confiance des citoyens dans les politiques publiques. Une rupture qui s’est aggravée au fil des ans par le manque de solution aux problèmes chroniques, source de grandes tensions sociales.

Le problème c’est que face à des crises qui perdurent depuis des années et nécessitant normalement des réponses radicales, l’Etat se contente de réactions improvisées sans stratégies à long terme. Un manque d’anticipation et de planification qui contraint le pouvoir à rester constamment sur la défensive.

La crise de la pollution par le phosphogypse et les gaz toxiques à Gabès, malgré son ampleur, n’est en effet qu’un exemple parmi d’innombrables problèmes éccolo-économiques qui nourrissent une colère populaire, encore silencieuse, mais qui ne manquera peut-être pas de se manifester à travers des vagues de protestations. Une colère qui peut toujours s’expliquer par l’incapacité du pouvoir à comprendre les doléances des populations et à leur offrir l’espoir de vivre dans un environnement décent et paisible.

La crise sanitaire et écologique de Gabès, qui a fait sortir avant-hier dans la rue des centaines de milliers d’habitants pour crier leur ras le bol, n’est absolument pas nouvelle.  C’est une crise qui perdure depuis de longues années à laquelle tous les gouvernements qui se sont succédé, tout au long des deux ou trois dernières décennies, ont toujours eu une bonne (mauvaise !) excuse pour ne rien faire. Tout comme la crise de l’eau, de la pauvreté, du chômage, de la disparité régionale, de la marginalisation qui couvent et perdurent…

Nombreuses sont, en effet, les leçons que l’on peut tirer (que le pouvoir doit tirer) et que tout le monde tente, depuis 48 heures, de faire ressortir et de commenter sur les réseaux sociaux. Si, par ailleurs, il y a UNE GRANDE LEÇON qui doit être tirée, c’est que les principales revendications scandées depuis plusieurs jours à Gabès sont quasiment les mêmes partagées actuellement par des millions de Tunisiens et qui peuvent être résumées en cinq petits mots « vivre-dignement-en- bonne- santé ».

En effet, ce sont les revendications d’hier, d’aujourd’hui et de demain qui veulent que les droits fondamentaux des Tunisiens ne peuvent jamais être relégués au second plan, derrière les intérêts économiques et de quelconques engagements commerciaux pris avec certains clients internationaux. Il faut arrêter de chercher l’excuse pour ne pas assumer ses responsabilités et satisfaire les revendications légitimes de la population.

À Gabès comme ailleurs, les Tunisiens ne réclament pas des miracles, mais simplement que l’État fasse son travail. S’il continue à chercher des excuses pour ne rien faire, il finira peut-être par devoir en chercher une dernière, celle d’avoir perdu son… peuple.

H.G.

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