Par Hassan GHEDIRI
L’Intelligence artificielle constitue une opportunité historique pour les pays de la Méditerranée pour permettre un développement technologique gagnant-gagnant entre les deux rives.
Un an après le premier Forum méditerranéen de l’intelligence artificielle (FMIA) tenu à Marseille en France, Tunis abrite depuis hier et sur deux jours la deuxième édition de cet évènement phare rassemblant les grands acteurs des écosystèmes technologiques des deux rives autour des défis de la région et les solutions promises par l’IA pour y répondre.
Organisé sous l’égide du ministère tunisien des Technologies de la communication et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la république française, le forum a été ouvert, hier, par des allocutions officielles données respectivement par Mme Nadia Hai, l’ambassadrice déléguée interministérielle à la Méditerranée au gouvernement français, et MM Sofien Hemissi et Mustapha Ferjani, respectivement ministres des TIC et de la Santé en Tunisie.
Mais sans surprise, les exposés faits par les experts de l’IA, ont été plus attendus par le public qui a été très nombreux dans le Théâtre des Régions à la Cité de la culture. Le mot a été alors donné à Karim Beguir, cofondateur de InstaDeep, une success story tunisienne du monde de l’IA, pour annoncer la couleur du forum.
Le gérant de la start-up tunisienne spécialisée dans l’IA, rachetée en 2023 à 408 millions d’euros par le géant allemand de la biotechnologie BioNTech, a d’emblée considéré que les infrastructures sont là, les talents sont là et les opportunités sont là pour relier tout le bassin méditerranéen dans le cadre d’un partenariat technologique gagnant-gagnant.
Beguir pense en effet que l’IA offre aujourd’hui une opportunité historique soulignant qu’il y a seulement cinq ans, ceci n’était pas possible parce que l’énergie renouvelable et les technologies solaires n’étaient pas d’un niveau de performance suffisant, l’IA n’était pas d’une maturité suffisante et les communications par les fibres optiques n’avaient pas le débit d’aujourd’hui.
« Aujourd’hui, toutes les pièces du puzzle sont réunies pour permettre un développement et un partenariat technologique gagnant-gagnant des deux rives de la Méditerranée, tel qu’il a été dans l’histoire de la région depuis très longtemps », avait-il affirmé.
Faire mieux que l’US et la Chine !
Beguir croit en effet que le développement d’un véritable partenariat axé sur l’IA dans la Méditerranée permettrait de doter la région d’une infrastructure en IA et en énergie propre et d’une performance extraordinaire, c’est-à-dire que la Méditerranée est capable d’attirer des data-centers (centres de calculs) les plus efficaces et les plus compétitifs au monde, meilleurs que ceux que possèdent aujourd’hui les Américains et les Chinois.
Le fondateur de InstaDeep estime en effet que ceci est tout à fait possible eu égard la proximité entre les potentiels et les besoins en termes de compétitivité des centres de calculs qui offre une chance historique.
Les pays de la Méditerranée doivent donc, selon le conférencier, saisir cette opportunité et faire un saut décisif et apporter une abondance et une prospérité aux populations de la région qui n’étaient pas envisageable sans l’IA.
D’après lui, rien n’est inéluctable, car si on regarde le développement technique et scientifique il est tout à fait possible d’offrir un avenir meilleur à tous grâce aux technologies et aux moyens actuels.
Ainsi, durant deux jours le Forum sera un espace de dialogue et d’échange autour des grands défis et problématiques auxquels sont confrontés les pays de la Méditerranée dans l’ambition de structurer l’écosystème de l’IA et de créer une véritable communauté méditerranéenne dédiée à l’IA composée de startups, de grandes entreprises, d’incubateurs, de chercheurs, d’investisseurs, de banques et de décideurs publics.
Au menu du Forum, des thématiques clés mettant en exergue les défis auxquels s’exposent tous les pays de la région et pour lesquels l’IA serait capable d’offrir des réponses adéquates.
Les applications de l’IA concernent notamment le changement climatique à travers la gestion des risques naturels, l’eau et le stress hydrique, la transition énergétique, des solutions de financement, le développement des systèmes de santé, la transformation des systèmes éducatifs, le développement d’une agriculture durable et résiliente.
H.G.

