Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Les travaux de la Commission administrative reprendront ce jeudi à Hammamet et avec une infime lueur d’espoir de voir l’UGTT sortir de la crise la plus grave dans l’histoire de l’organisation syndicale. Quels sont les enjeux de cette réunion?
Ni les excuses de Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), présentées aux syndicalistes de la région de Sfax lors de la tenue des travaux de la Commission administrative jeudi dernier à Hammamet et encore moins les mises en garde lancées par les ténors n’ont suffi pour aboutir à un compromis synonyme de « sauvetage » de l’organisation syndicale qui vit, depuis 2022, la crise la plus grave de son histoire. De fait, les regards seront orientés vers Hammamet où se poursuivront les travaux de la Commission administrative dont le seul enjeu est de trouver un compromis autour de la date du prochain congrès. Et si le bloc de Noureddine Taboubi tient à ce que ce congrès se tienne à la fin du mandat de l’actuel bureau exécutif, le groupe dit des cinq, qui représente une partie de l’opposition syndicale, tient à ce que la date du congrès soit avancée à 2026. En attendant, les accusations croisées et les actes de violence verbale et même physique se multiplient aggravant davantage la crise qui secoue la centrale syndicale depuis 2022, date du dernier et très contesté congrès de Sfax. En effet, dans un communiqué publié samedi dernier, le bureau exécutif de l’Union régionale du travail à Sfax a condamné avec la plus grande fermeté l’agression verbale et la tentative d’agression physique commises par Mohsen Youssefi, le secrétaire général adjoint chargé des biens de l’UGTT et de l’ économie sociale et solidaire, à l’encontre de Youssef Aouedni, secrétaire général de l’union régionale et représentant de Sfax au sein de la Commission administrative nationale. De fait, la reprise des travaux de la Commission administrative ce jeudi représente, selon les observateurs, la dernière occasion pour mettre fin à la crise…
Des enjeux et des défis …
Si toutes les parties, bureau exécutif comme opposition, ne cessent de réaffirmer leur attachement à l’unité syndicale fondée sur le respect mutuel, on a besoin aujourd’hui de sacrifices et de courage pour mettre fin à cette crise, nous dira le dirigeant au sein de l’opposition syndicale, Habib Jerjir. Et d’ajouter: «Il faut refonder l’organisation de fond en comble, car l’Union générale tunisienne du travail traverse actuellement une période critique qui exige des mesures drastiques. Le départ pur et simple de l’actuelle direction syndicale est la seule et unique solution. Ensuite, nous convoquerons d’urgence le Conseil national pour prendre une série de mesures structurelles de nature à rendre à l’organisation sa notoriété et son prestige».
De son côté, l’autre dirigeant au sein de l’opposition syndicale, Taïeb Bouaïcha, a présenté une feuille de route comportant «une révision en profondeur des statuts et du règlement intérieur de l’UGTT avec pour objectif la fin du pouvoir jugé absolu du bureau exécutif, décentraliser la prise de décision et garantir l’autonomie des secteurs dans leurs actions».
Ce n’est pas, toutefois, l’avis de Sami Tahri, le secrétaire général adjoint chargé de la communication au sein de l’Union générale tunisienne du travail, lequel a, en effet, réaffirmé «l’unité et l’indépendance de l’organisation», dénonçant, en revanche, «les appels lancés hors des structures syndicales, en vue de dissoudre l’actuel bureau». «Ces appels n’ont aucun poids pour nous. Certains de leurs auteurs sont d’anciens syndicalistes, mais ils ne représentent plus l’organisation. Il est inacceptable de vouloir remplacer la direction légitime de cette manière», a-t-il martelé. Qui aura, alors, le dernier mot ?… Attendons pour voir…
M.B.S.M.