ParMyriam BEN SALEM-MISSAOUI
La Tunisie célèbre aujourd’hui la Journée mondiale du travail alors que le marché de l’emploi est de plus en plus sélectif. Que faire pour répondre à ces nouveaux critères imposés par ce marché ?
Même si la garantie de l’emploi est une proposition populaire, soutenue par les syndicats et par l’Etat lui-même, le marché de l’emploi est devenu aujourd’hui tellement sélectif qu’il est difficile pour un non diplômé de trouver un travail. D’ailleurs, selon le 15e rapport sur l’avenir des emplois (2025) du Forum économique mondial, la Tunisie est sur le point de connaître un changement structurel important de 22 % sur son marché du travail au cours des cinq prochaines années. Le même rapport révèle que les opportunités d’emploi émergentes sont principalement centrées sur l’innovation technologique, «nous assistons à une restructuration fondamentale du marché de l’emploi et il faut s’adapter aux nouveaux besoins en main d’œuvre», nous dira l’ingénieur en informatique, Fakher Karouida. Et d’ajouter : «Il faut changer nos politiques en matière de formation. Plus question de laisser les centres de formation et les universités décider de ce qu’il nous faut comme formation et comme études. Il est devenu impératif d’impliquer les entreprises et agir selon leurs besoins. A titre d’exemple, nous n’aurons plus besoin dans un futur proche de comptables, de spécialistes en audit, d’opérations sur chaîne de montage, en grande partie en raison de l’accélération des initiatives d’automatisation et de transformation numérique. Selon les prévisions, le taux de transformation des emplois devrait atteindre, d’ici 2030, 20 % et 80 % des entreprises tunisiennes actives connaitront des pénuries de compétences, ce qui constitue un risque majeur pour leur développement. De fait, pour bien négocier cette phase de transition, il devient urgent et vital de renforcer l’adéquation entre la formation et le marché de l’emploi».
Certains jeunes, d’aujourd’hui, doivent comprendre qu’il est primordial de choisir une formation ou bien une filière qui pourront leur garantir succès, réussite et essentiellement un accès au marché de l’emploi. Un accès rapide au marché de l’emploi nécessite du discernement et de la perspicacité, tout dépendra de la filière que vous avez choisie. Parce que les données ne sont plus les mêmes qu’auparavant. Par exemple, si un jeune choisit une filière qui débouche sur un vide sidéral et qu’à la clef il sera embauché par papa comme apprenti-menuisier et il sera consolé par sa mère, c’est qu’il a cultivé des illusions quant à son aptitude à concurrencer les nombreux chômeurs, estiment certains observateurs.
Adéquation…
Tous les experts en ressources humaines sont unanimes quant à l’adéquation de la formation au marché du travail. Selon notre interlocuteur du jour, en l’occurrence l’ingénieur Fakher Karouida : «Pour adapter la formation professionnelle au marché du travail, une analyse approfondie du marché est essentielle. Il s’agit d’identifier les industries en croissance et les emplois spécifiques dans les secteurs qui sont en forte demande. Selon, justement, une étude récente intitulée «L’avenir de l’emploi en Tunisie», l’Institut arabe des chefs d’entreprise révèle que les opportunités d’emploi émergentes sont principalement centrées sur l’innovation technologique. Cela nécessite, alors, une augmentation des investissements publics dans le développement des compétences afin de combler le fossé croissant entre les capacités actuelles de la main-d’œuvre et les demandes futures du marché». Et d’ajouter : «Cela doit englober l’impact des avancées technologiques, des transformations économiques, des nouvelles méthodes de travail et des évolutions sociétales sur la manière dont nous travaillons. Analyser le «Future of Work» implique d’examiner les tendances et les prédictions concernant différents aspects du travail.
L’automatisation et l’intelligence artificielle (IA) sont en train de transformer de nombreux emplois et secteurs. En effet, selon cette étude du Forum économique mondial, d’ici 2025, les machines et les algorithmes pourraient effectuer plus de tâches professionnelles que les humains. Cela nécessite une adaptation des compétences et des emplois vers des rôles plus axés sur la créativité, l’intelligence émotionnelle et les capacités humaines uniques. Le travail à distance, les horaires flexibles et les arrangements de travail non traditionnels gagnent, également, en popularité. Les avancées technologiques permettent aux employés de travailler n’importe où et à n’importe quel moment. Dans un article publié sur le site spécialisé Alan, on apprend que l’évolution rapide des compétences requises sur le marché du travail nécessite un apprentissage continu tout au long de la vie. Les employés doivent être prêts à acquérir de nouvelles compétences et à se reconvertir pour s’adapter aux besoins changeants de l’économie».
M.B.S.M.