Les Journées Théâtrales de Carthage poursuivent leur mission d’ouverture en investissant des espaces non communs, inhabituels, où le théâtre devient un moyen d’expression, de réparation et parfois même de renaissance. L’expérience du « Théâtre de la liberté » que proposent depuis des années les Journées théâtrales de Carthage « JTC » en partenariat avec la Direction Générale des Prisons et de la Rééducation, en témoigne. Expérience phare qui rythme depuis neuf ans la manifestation et qui attire l’attention non seulement des médias mais également des professionnels. L’un des moments phares de la programmation et également l’une des sections typiques des JTC, cette initiative donne une visibilité rare aux créations des personnes détenues, présentées au public dans de véritables salles de spectacle.
C’est au complexe culturel et sportif d’El Menzah 6 qu’a été inaugurée la nouvelle édition de cette expérience unique, en présence du Directeur général des Affaires des Détenus, du Directeur de la 26ᵉ édition des JTC, ainsi que de cadres et représentants de l’institution pénitentiaire.
Célébrant l’humain et l’art, célébrant la liberté de créer, cette section est plus qu’une simple vitrine de spectacles. Elle met en lumière des voix marginalisées, des histoires en quête d’expression et des trajectoires créatives qui tentent de réinventer la vie. Elle est une fenêtre sur l’espoir, sur le rêve, sur un lendemain meilleur…
Dans son allocution d’ouverture, le Directeur général des Affaires des Détenus (qui a parlé au nom du directeur Général de la Direction des Prisons et de la Rééducation) a salué le rôle des JTC et du ministère des Affaires culturelles, affirmant que « la dignité humaine est indivisible, que le droit à l’expression ne se perd pas en cas de faute, d’erreur » et rappelant la création, depuis 2017, de clubs de théâtre au sein des établissements pénitentiaires. Il a également souligné « le franc succès des éditions précédentes, la qualité des spectacles et leur impact positif sur les participants ».
Prenant la parole, le directeur des JTC 2025, Mohamed Mounir Argui a précisé que cette section est bien plus qu’un programme parallèle. « Aujourd’hui, nous ouvrons une nouvelle et différente fenêtre, tournée vers l’intérieur, vers des voix oubliées et des cœurs brisées qui espèrent avoir une seconde chance et retrouver leurs voies. Le théâtre, dès sa naissance, a été l’espace qui accueille toutes les personnes sans exception. Dans cet espace, aucun mur n’est plus haut que les mots, aucune chaîne ne peut étouffer la lumière du plateau. »
Mettant l’accent sur le rôle colossal du théâtre dans le processus de réhabilitation, il a souligné que « lorsque l’art rejoint la rééducation, lorsque la création dialogue avec la reconstruction, l’intégration du théâtre n’est pas un luxe, mais une nécessité. Il redonne aux détenus leur dignité et leur offre des outils pour réinventer un avenir fondé sur la conscience et la responsabilité. »
De la souffrance de la personne atteinte du syndrome Jouska, les détenus du club de théâtre de la prison civile de Borj Amri, ont parlé, dans leur spectacle qui donné le coup d’envoi de la programmation. Deux autres spectacles des clubs des prisons de Siliana et Essers (Le Kef) ont également été au programme de cette journée d’ouverture.
Il est à rappeler que cette édition comporte 16 spectacles créés par les détenus : onze pièces issues des unités pénitentiaires masculines, quatre spectacles provenant des centres de rééducation, et un spectacle féminin.

