Par Hassan GHEDIRI
L’Agence nationale de la cyber-sécurité (ANCS) place le niveau d’alerte à son plus haut niveau en Tunisie et signale une multiplication inquiétante des vulnérabilités.
Sur le site web (ancs.tn), l’agence qui joue depuis des années un rôle de vigile, rappelle à tous ceux qui voudront bien l’entendre que l’audit de la sécurité des systèmes d’information (SI) en Tunisie est essentiel pour assurer la conformité aux lois locales, notamment celles relatives à la protection des données personnelles et à la cybersécurité.
L’audit est par ailleurs obligatoire pour les SI des organismes publics, des opérateurs de réseaux publics de télécommunications et les fournisseurs des services de télécommunications et d’internet ainsi que pour toutes les entreprises connectées aux réseaux et les hébergeurs de données numériques et autres infrastructures d’importance vitale.
Si vous consultez maintenant le site de l’agence, vous serez d’emblée frappés par la signalisation dynamique occupant le tiers de la page et affichant un niveau d’alerte national «Très élevé». L’ANCS publie en même temps un panorama d’une cybermenace qui semble être grandissante et plus florissante que jamais. *
D’aucuns croient que cela n’a rien d’étonnant, d’une part du fait d’un numérique omniprésent dans la vie de tous les Tunisiens et, d’autre part, à cause de la diversification des stratagèmes des attaquants employant des moyens de plus en plus sophistiqués. Les attaques cybernétiques affectent désormais tous les pans de notre économie et de notre société.
C’est ce que révèle le graphique des alertes nationales élaboré par l’ANCS et qui montre que le niveau d’alerte a été maintenu à son niveau le plus élevé depuis janvier 2025 et durant dix mois. La tendance montre ainsi comment la Tunisie est devenue, comme beaucoup de pays, une cible constante des cyberattaques visant à déstabiliser l’écosystème informatique et compromettre sa cybersécurité.
Une cyber-résilience collective
Comme ne cesse de nos le souligner Heythem Elmir, expert en cybersécurité, la situation nécessite donc le renforcement de la coordination entre tous les acteurs publics et privés en vue de créer une cyber-résilience collective. Le premier axe consiste à renforcer les expertises technologiques indispensables pour contrer les menaces et remédier aux vulnérabilités.
Entretenir un haut niveau d’expertise et préserver une maîtrise autonome des savoirs scientifiques et technologiques en matière de cybersécurité est indispensable pour garantir la cyberdéfense du pays, autant que sa souveraineté, assure l’expert.
Pour y répondre, il faut agir sur trois axes : développer l'expertise sur les technologies à fort enjeu de cybersécurité, accroitre le partage de connaissance et s'adapter aux évolutions techniques des cybermenaces.
La Tunisie doit désormais inscrire la cybersécurité parmi ses priorités nationales, au même titre que la sécurité énergétique ou alimentaire. Les signaux envoyés par l’ANCS doivent inciter à une mobilisation durable, fondée sur des investissements soutenus, une gouvernance cohérente et une culture numérique mieux ancrée dans les institutions comme chez les citoyens.
H.G.

