Quinze danseurs du Ballet de l’Opéra de Tunis, ont interprété, samedi soir, au Théâtre des Régions, à la Cité de la Culture, une nouvelle version du spectacle « Carmen Dansé », chorégraphié et mis en scène par le danseur et chorégraphe franco-algérien Sofien Abou Lagraa.
Khouloud ben Abdallah, Cyrine kalai, Oumaima manai, Ranim Kéfi, Amany chatti, Hichem chebli, Omar Abbes, Abdelmonaim khemis, Hamdi trabelsi, Hazem Chebbi, Kais harbaoui, Yassine kharat, Ahmed grindi, Ilyes triki, Oussema khlifi étaient sur scène pour cette nouvelle version de Carmen, adaptation libre du célèbre opéra-comique du compositeur français Georges Bizet.
« Carmen Dansé » (1h30) fait escale à Tunis avant de reprendre son périple européen pour la saison 2025-2026. Lors de sa récente tournée Européenne, Carmen dansé des danseurs du Ballet de l’Opéra, a été joué, dans divers théâtres en Allemagne et en France, « devant près de 12 milles spectateurs », comme l'a affirmé Abou Lagraa dans une séquence vidéo.
Premier spectacle de la nouvelle saison 2025-2026 au Théâtre de l'Opéra de Tunis (TOT), la nouvelle version de « Carmen Dansé » est interprétée uniquement par les danseurs du Ballet de l’Opéra.
Produit par le Théâtre de l’Opéra de Tunis avec le soutien du ministère des Affaires Culturelles et de l’Institut Français de Tunisie, cet opéra dansé est chorégraphié et mis en scène par Sofien Abou Lagraa, avec des costumes du Ballet De Genève et les Lumières d'Alain Paradis.
L'œuvre de Bizet
Créé en 1875, Carmen de Georges Bizet est l'opéra français le plus représenté dans le monde. En 2024, la version opéra de Carmen a été jouée plusieurs fois à Tunis, avec la participation de plusieurs chanteurs et des musiciens de l'Orchestre Symphonique tunisien. Maram Bouhbal (Carmen), Hassen Doss (Don José), Haythem Hadhiri (Escamillo) interprètaient les principaux rôles dans cette adaptation de l’œuvre éponyme de Prosper Mérimée sur une musique de Georges Bizet.
Carmen est une bohémienne cigarière à Séville, vers 1820. Elle n'aspire qu'à la liberté et à l'indépendance et séduit Don José, un jeune brigadier déjà fiancé, et qui nourrit rapidement une passion leur sera fatale.
Pour l’amour de Carmen, il va abandonner sa fiancée Micaëla, déserter et rejoindre les contrebandiers. Mais il est dévoré par la jalousie et Carmen, se lassant de lui, se laisse séduire par le célèbre torero Escamillo. Don José, fou de désespoir, la frappe à mort avec un poignard lors de la scène finale devant l’arène, alors qu’Escamillo apparaît sur les marches du cirque, entouré de la foule qui l’acclame."
Créée le 3 mars 1875, Carmen est l'opéra le plus populaire du compositeur français Gorges Bizet (25 octobre 1838 - 3 juin 1875), mort quelques mois après sa création alors qu'il n'avait que 36 ans. Pour la première fois dans l'histoire de l'opéra, Carmen de Bizet présente une histoire évoquant passion, violence et se terminant tragiquement.
A l’époque, l’œuvre de Bizet avait été mal accueillie. Selon les sites de musique classique, Carmen était perçue comme une oeuvre qui « sort des conventions dramaturgiques et va à l’encontre des codes traditionnels des personnages opératiques ».
Carmen Dansé: une version sobre sans décors
Pour cette version dansée de Carmen, Sofien Abou Lagraa souligne: « Pas de décor, tout est dans la sobriété, pour inviter les spectateurs (trices) à se concentrer sur la musique et la danse ». Le chorégraphe présente une « chorégraphie, volontairement écrite en perpétuels mouvements de masse, qui nous rappelle la force de la Méditerranée, unissant le Maghreb et l’Europe.».
« C’est avant tout la musique, tendre et mélancolique, pleine d'entrain, de gaieté et toujours accessible qui m’a donné envie d’y mêler mon écriture chorégraphique. Le challenge est d’autant plus stimulant pour moi, car je vais en contrepoint de cet opéra-comique imprégné dans la mémoire collective, optant pour une architecture épurée grâce aux lumières créées par Alain Paradis », peut-on lire encore lire dans un résumé publié sur le site de sa Compagnie « La Baraka ».
« Le chorégraphe évoque un univers poétique nimbé de ses origines et perceptions orientales, dans lequel il cherche à « transposer et réinventer non pas « une » Carmen mais « des » Carmen. Au travers de mon langage chorégraphique, le corps de ballet du Théâtre de l’Opéra de Tunis fait jaillir les figures du double de la « Carmencita », avec désir, sensualité et vitalité ».
Abou Lagraa entame sa carrière de danseur-interprète au S.O.A.P. Dance Theater Frankfurt auprès de Rui Horta dont il devient l'assistant pour le Ballet Gulbenkian à Lisbonne. En 1997, il fonde la Compagnie La Baraka avec laquelle il est successivement artiste associé. Rapidement, la renommée de la compagnie franchit les frontières et les tournées s’enchaînent partout dans le monde.
Depuis 2018 à Annonay, Abou Lagraa & Nawal Aït Benalla ont implanté La Baraka à la Chapelle Sainte-Marie. Un écrin désacralisé, joyau de l’art baroque, réhabilité en studio chorégraphique. Telle une petite « Villa Médicis » pour la danse, en Ardèche, La Chapelle accueille en résidences de création des compagnies de danse françaises et internationales.
En 2010, il crée, avec Nawal Aït Benalla, le premier Ballet Contemporain d’Alger dont la création « Nya » remporte en 2011 le Grand Prix de la Critique « Meilleure chorégraphie de l’année ». En 2013 sa création « El Djoudour », ouvre « Marseille-Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture ».
En 28 ans, Abou a créé une trentaine de pièces et créé pour de nombreuses institutions parmi lesquelles : l’Opéra National de Paris, le Memphis Ballet (USA), le Ballet du Grand Théâtre de Genève ou encore, en 2024, l’Opéra Carmen pour le Théâtre de l’Opéra de Tunis.
Le Quotidien avec TAP