Par Imen ABDERRAHMANI
Paru en janvier 2025, «Cent livres tunisiens» est une intéressante exploration des ouvrages écrits entre le milieu du 2è siècle et 2024. Le livre et les deux directeurs de ce projet éditorial sont à rencontrer demain, à la médiathèque de l’IFT, à 18h00.
Important document qui revisite tant de textes et de plumes tombés dans l’oubli. «Cent livres tunisiens», ouvrage collectif qui dépoussière des textes qui ont marqué les annales de la littérature tunisienne, considérés par les deux spécialistes Kamel Ben Ouanès et Chaabane Harbaoui, comme fondamentaux, marquants…
Paru chez Latrach Edition, au début de cette année, édité en français, l’ouvrage explore une centaine d’écrits des auteurs et autrices tunisiens dont 36 francophones et 64 arabophones, minutieusement choisis parmi 1253 titres. Mission qui n’a pas été aussi facile. «Notre objectif n’est pas de sélectionner les cent meilleurs livres tunisiens, comme s’il s’agissait d’une quelconque compétition ou d’un concours littéraire. Loin s’en faut. Bien d’autres ouvrages de qualité et d’un apport immense à notre culture ne figurent pas dans ce livre. Car, faut-il le préciser de prime abord, nous avons décelé, au gré de notre sensibilité forcément subjective, les titres que nous estimons plus à même de traduire une perception, fût-elle partielle, de l’identité tunisienne (…). Pour opérer ce choix, nous avons consulté mille deux cent cinquante-trois titres, tous genres confondus, en ayant constamment présent à l’esprit le souci de cerner, au-delà des spécificités de leurs époques et de leurs genres respectifs, les lignes de recoupement qui attestent d’une certaine continuité entre ces œuvres à travers l’Histoire», lit-on dans l’introduction qu’a signée Kamel Ben Ouanès et Chaâbane Harbaoui et qui explique la méthode du travail sur ces textes qui revisitent la notion de «tunisanité» et qui se veulent une célébration de la mémoire littéraire tunisienne dans sa richesse et dans sa diversité.
Apulée, Ibn Abi Dinar et les autres
Edité avec l’aide du Fonds d’encouragement à la création littéraire et artistique au ministère des Affaires culturelles, cet ouvrage est le fruit d’un travail assidu mené par un collectif comportant cinq auteurs, à savoir Adel Ben Youssef, Amina Chénik, Salah el Gharbi, Ahmed Mahfoudh et Issam Marzouk et dont la coordination générale a été confiée à Younès Ben Hajira.
Avec une présentation du grand philosophe et auteur «Apulée» (Lucius Apuleius) ayant vécu entre 125 et 180 à l’époque carthaginoise, s’ouvre le livre. Il y a de quoi ! Célèbre pour «Les métamorphoses ou l’âne d’or». Un texte qui date du 2è siècle après J-C et serait le premier roman latin qui a été conservé. Selon certains critiques, Apulée de Madaure serait le père du roman moderne dans le monde méditerranéen et occidental, lit-on dans l’ouvrage.
Ce voyage dans le temps et également dans les annales de la littérature tunisienne se poursuit avec des éclairages sur Ahmed Tifâchi, Abdallah Tijani, Ibn Khaldoun Cheikh Ahmed Nefzaoui, Ibn Abi Dinar, Al-Wazir Assaraj, Ahmed Ibn Abi Dhiaf... Tant de noms et tant d’ouvrages que cette publication dépoussière au grand bonheur des jeunes chercheurs comme des passionnées de littérature et de découvertes.
Le voyage se fait au fil de ces 214 pages qui se veulent une invitation pour plonger dans ces beaux livres très souvent méconnus par le grand public des lecteurs mais dont l’apport de leurs auteurs est immense.
Douze autrices sur la liste des cent
La lecture chronologique, l’ouvrage «Cent livres tunisiens» offre à lire des présentations et des notes de lecture des œuvres d’une importante sélection d’auteurs modernes et contemporains qui ont marqué par leurs idées comme par leurs écrits la scène littéraire tunisienne. Parmi lesquels nous citons: Abdelaziz Thaâlbi, Mohamed Tahar ben Achour, Hasan Hosni Abdelwaheb, Tahar Haddad, Abou al–Kacem Chebbi, Ali Douagi, Mohamed El Fadhel ben Achour, Mahmoud Messadi, Béchir Kraief, Paul Sebag, Albert Memmi, Mohamed Talbi, Taoufik Baccar, Mnaouar Smadeh, Béhir Ben Slama, Mustapha Fersi, Habib Boularès, Hichem Djait, Jean Fontaine, Ezzedine Madani, Ali Bécheur, Gilbert Naccache, Abdelmaid Charfi, Youssef Seddik, Abdelwaheb Meddeb, Nacer Khémir, Mohamed Ghozzi, Mohamed Habib Selmi, Fethi Ben Slama, Mohamed Salah Jaabri, Fadhel Jaibi, Hassouna Mosbahi, Houcine Al-Oued, Hédi Khélil, Mohamed Sghaier Ouled Ahmed, Hédi Timoumi, Moncef Ouanès, Soufiane Ben Farhat, Hassen Ben Othman… et Moha Harmel, jeune auteur dont l’œuvre romanesque comporte déjà trois romans, tous récompensés par un prix local, le prestigieux Comar d’Or.
Les autrices tunisiennes sont bien présentes à cet ouvrage, même si le nombre reste au-dessous de «nos attentes». Parmi les cent auteurs choisis, il n’existe qu’une douzaine d’autrices. Il s’agit de Jalila Hafsia, Emna Belhaj Yahia, Nefla Dhahab, Hélé Béji, Aroussia Nalouti, Azza Filali, Jalila Baccar, Nelly Amri, Amel Benammar Elgaaied, Alia Tabai, Olfa Youssef et Amira Ghenim.
Le livre, ce projet ambitieux et également ses deux responsables Kamel Ben Ouanès et Chaabane Harbaoui seront, demain, les invités du programme «Kteb Tounsi» que propose l’Institut français. «Cent livres tunisiens», un intéressant ouvrage-document à découvrir !
I.A.