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Editorial : Ces morts qui passent aux aveux…

Par Chokri Baccouche

Les morts ne parlent pas, mais leurs corps racontent des histoires. Ils donnent des preuves formelles sur les circonstances ayant entouré le décès, la manière, le moment et tutti quanti. Mort naturelle, violente ou suspecte, les dépouilles mortelles disent tout avec force détails. Celles des détenus palestiniens qui ont séjourné dans les prisons israéliennes racontent d’horribles histoires.

Des histoires d’une cruauté indicible et un sadisme inhumain et bestial qui donne des haut-le-cœur, comme le confirme une enquête publiée il y a quelques jours par The Guardian.

Le journal britannique rapporte ainsi qu’au moins 135 corps de Palestiniens mutilés par Israël et renvoyés à Gaza étaient ceux de prisonniers torturés et exécutés de manière extrajudiciaire. Les photos des corps palestiniens consultées par les journalistes du Guardian montrent de nombreuses victimes les yeux bandés et les mains derrière le dos.

D’autres portaient les traces d’une corde nouée autour du cou. Les médecins légistes de l’hôpital Nasser de Khan Younes ont déclaré que les examens officiels indiquent clairement qu’Israël a commis des meurtres, des actes de tortures systématiques et des exécutions sommaires contre de nombreux Palestiniens. Le rapport médico-légal évoque des exécutions à bout portant et rapporte que certains corps ont été écrasés sous les chenilles des chars israéliens.

La plupart de ces atrocités ont été perpétrées dans la sinistre prison de Sde Teiman créée en plein désert du Neguev et réputée pour être le « cimetière » des prisonniers palestiniens qui y subissent toutes sortes de tortures. Dans cette antichambre de l’enfer sur terre, les humiliations, les passages à tabac et les traitements inhumains sont le lot réservé à des milliers de détenus palestiniens dont la plupart s’y trouvent depuis plusieurs années sans aucune forme de procès.

Les agressions sexuelles et les viols y sont également monnaie courante. Le journal arabophone londonien Al Qods al-Arabi vient de publier un article émouvant qui évoque le calvaire effroyable d’une prisonnière palestinienne. Mère de famille de son état et détenue de manière arbitraire sans aucune justification légale, la dame a déclaré avoir été victime d’un viol collectif à plusieurs reprises.

Dans la prison de Sde Teiman, les tortures et les sévices à caractère sexuel sont érigés en fait en système bien huilé. Une sinistre politique de la terreur et de l’horreur délibérément orchestrée par les responsables sionistes et pratiquée avec zèle par leurs sous fifres contre les détenus palestiniens dans le but évident de les briser moralement. Comble du sadisme et de la perversité, ces tortures impliquent l’utilisation par les bourreaux israéliens de chiens dressés pour les agressions sexuelles.

Lesquelles agressions, cerise sur le sinistre gâteau, sont même filmées et cataloguées, très certainement pour servir de moyens de pression et de persuasion sur les prochains prisonniers, et peut-être même plus « si affinités… ».

Ainsi donc, les dépouilles mortelles des prisonniers palestiniens ayant séjourné de leur vivant dans les geôles israéliennes racontent des histoires dignes d’un thriller. Elles font le récit d’une innommable cruauté et une insoutenable perversité. Celles d’un occupant sioniste dont les pratiques inhumaines ne sont pas sans rappeler en fait les crimes de masse perpétrés, de triste et sinistre mémoire, dans les goulags et autres camps de concentration.

Les rescapés palestiniens de l’enfer carcéral sioniste ne sont guère mieux lotis. Ils sont acculés à porter les séquelles des terribles souffrances morales et physiques endurées durant ces longues années de braise pour le restant de leur existence. C’est ainsi que l’entité sioniste a brisé, dans l’impunité la plus totale et le silence assourdissant de la communauté internationale, des milliers de vies palestiniennes.

Non contents de massacrer les prisonniers palestiniens sans avoir à rendre de compte à personne, les dirigeants israéliens viennent de pousser le cynisme à son paroxysme. Le Parlement israélien a approuvé en effet, lundi dernier, une proposition de loi de l’extrême droite taillée sur mesure pour s’appliquer aux Palestiniens.

Le texte propose, en effet, que «quiconque cause intentionnellement ou par indifférence la mort d’un citoyen israélien pour des motifs de racisme ou d’hostilité envers une communauté, et dans le but de nuire à l’Etat d’Israël et à la renaissance du peuple juif dans son pays, sera passible de la peine de mort».

Avec une telle formulation, vicieuse et pernicieuse, la peine de mort pourrait s’appliquer à un Palestinien qui tuerait un Israélien, mais en aucun cas à un Israélien qui tuerait un Palestinien. Pourquoi ? Pour la pure et simple raison qu’en Israël, on part du principe « qu’il n’y a pas de terroriste juif», comme le confirme d’ailleurs le député porteur du texte, Limor Son Har-Melech, dans un entretien au site Ynet.

Grâce à cette nouvelle loi, délibérément discriminatoire, le Premier ministre israélien Netanyahu et la clique extrémiste de son gouvernement se donnent en fait les moyens de poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique dans les territoires occupés sous le couvert de la « légitimité ». Au mépris total du droit international et de toutes les valeurs communément admises…

C.B.

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