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Editorial : Tel est pris qui croyait prendre…

Par Chokri Baccouche

Le premier ministre israélien Netanyahu doit certainement pester, à l’heure qu’il est, contre le mauvais sort. Lui, qui avait misé sur la probabilité que le Hamas n’allait pas accepter le plan de paix américain et trouver ainsi le prétexte idoine de poursuivre indéfiniment la guerre à Gaza, en a eu finalement pour ses frais.

e mouvement islamiste palestinien lui a tiré, en effet, le tapis sous les pieds en annonçant, vendredi, son acceptation de principe de ce plan de paix et s’est dit disposé à libérer les 48 otages israéliens, morts ou vivants, toujours détenus dans l'enclave palestinienne, tout en conditionnant cette libération à la poursuite des négociations sur les modalités pratiques du plan de paix proposé par Donald Trump. Le Hamas exige notamment le transfert de l’administration de l’enclave à un «organisme palestinien indépendant».

Sans exagération aucune, on peut vraiment dire que Benjamin Netanyahu est tombé dans son propre piège. Il est désormais dos au mur et n’a plus aucune justification recevable d’éterniser le conflit au risque de s’aliéner encore plus la communauté internationale, y compris ses alliés occidentaux.

L’accord donné par le Hamas a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme par de nombreux pays. Le président américain, Trump, l’a même qualifié de « jour spécial sans doute sans précédent ». Une formule qui peut paraitre étrange et qu’on peut interpréter comme un « ouf de soulagement » exprimé, sans le dire ouvertement, par le locataire de la Maison Blanche. Visiblement, Trump est excédé par ce conflit.

Le soutien inconditionnel de son administration à Israël a dévasté l’image des Etats-Unis dans le monde en tant que pays qui s’est rendu complice d’un effroyable génocide.  La fuite en avant de Netanyahu dans les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité a fait que ce dernier est devenu un allié embarrassant dont les interminables méfaits ont porté préjudice aux intérêts américains non seulement au Moyen-Orient mais également dans d’autres parties du monde.

L’accord de défense commune récemment signé par l’Arabie Saoudite et le Pakistan, qui fait suite à l’attaque israélienne contre le Qatar, a fait l’effet, outre Atlantique, d’un véritable coup de semonce.

Pour toutes ces raisons et non des moindres, Washington a été acculé à mettre un peu d’eau dans son vin et c’est ce qui justifie, en fait, l’initiative du président américain visant à mettre fin à cette guerre, dans l’espoir de recoller les morceaux et paraitre de surcroît aux yeux du monde comme le dirigeant « providentiel » capable de résorber les conflits, une qualité « vertueuse et rare » qui le prédispose à glaner le prix Nobel de la paix.

La nouvelle donne est certainement vécue comme un cauchemar par le Premier ministre israélien qui n’a, logiquement, plus aucun prétexte pour se dérober à ses engagements après avoir lui-même accepté ce plan de paix. En effet, il est désormais devant le fait dans la mesure où même le président américain lui demande, officiellement et ouvertement, « d’arrêter immédiatement les bombardements » en jugeant le Hamas « prêt pour une paix durable ».

Aux abois et complètement sonné par la tournure des événements qui joue en sa défaveur, Benjamin Netanyahu a répondu à la demande pressante du président américain par la reprise des frappes contre Gaza et ce, peu de temps après l’accord du Hamas. Il donne ainsi la preuve formelle qu’il n’a jamais voulu la paix et que son acceptation du plan Trumpien n’était que de la poudre aux yeux.

Netanyahu sait en fait que la fin de cette sordide guerre signera inévitablement son arrêt de mort politique. La justice de son propre pays l’attend en effet de pied ferme pour lui faire répondre du volumineux dossier de corruption dont il est accusé.

Benjamin Netanyahu est, en fait, pris entre le marteau de la communauté internationale qui multiplie les pressions afin de l’inciter à faire cesser la guerre et l’enclume des extrémistes de son gouvernement qui n’ont jamais digéré le plan de Trump. Les Ben Gvir et Smotrich, les deux larrons va-t-en guerre en folie qui tiennent Netanyahu par la gorge vont certainement lui demander des comptes et pourraient faire exploser, par dépit, la fragile coalition au pouvoir du côté de l’entité sioniste.

Quant au Hamas, son « oui, mais » au plan de paix américain peut être interprété comme une réponse subtile et stratégique qui lui laisse une précieuse marge de manœuvre. Le mouvement islamiste palestinien a fait preuve de perspicacité, car non seulement il s’est dit prêt à céder la gouvernance de Gaza à une équipe de technocrates palestiniens, mais il a brillamment réussi surtout à faire capoter le sinistre projet américano-sioniste de déporter les Gazaouis hors de leur terre ancestrale.

Et c’est cela même le plus important et l’essentiel. Et si l’on ajoute à cela la solution à deux Etats, l’approche unanimement partagée par l’écrasante majorité des pays du monde, la boucle est bouclée.

Certes, le chemin vers une paix durable et véritable n’est pas dénué d’embuches. Netanyahu va certainement tout faire pour remettre le compteur du statu quo à zéro dans l’espoir hypothétique de sauver le peu qui reste de sa cauchemardesque carrière politique.

De plus en plus isolé, le Premier ministre est désormais seul face à son destin qui aura marqué de la pire des manières l’histoire de l’humanité. Confronté à une exigence planétaire, il sera bien forcé malgré tout de rendre aux Palestiniens leur liberté…

C.B.

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