Par Hassan GHEDIRI
Après avoir stagné pendant cinq mois au niveau de 7,5%, le taux moyen du marché monétaire est tombé pour la première fois au-dessus du taux directeur…
Selon les indicateurs de la Banque centrale de Tunisie mis à jour le 1er octobre 2025, le taux moyen du marché monétaire (TMM) s’est établi à 7,49% au cours du mois de septembre contre un taux directeur qui se maintient à la même date à 7,5%. Le TMM tombe ainsi légèrement après une stagnation qui a duré 5 mois (depuis mars 2025) et c’est la première fois qu’il s’affiche dans une valeur inférieure au taux directeur.
Mongi Mokaddem, expert en finances, a expliqué que le marché interbancaire, comme tous les marchés, est régi par la loi de l’offre et de la demande. C’est-à-dire qu’il évolue selon la dynamique dans laquelle sont réalisées les transactions entre les banques. Le taux du marché monétaire est donc déterminé par les différents échanges de liquidité entre les banques.
Ainsi, quand la demande de capitaux sur le marché est importante, cela se traduit par une pression sur l’offre de liquidité et les banques qui se trouvent en excédent de trésorerie sont de plus en plus sollicitées par les banques déficitaires, ce qui tire le taux d’intérêt moyen à la hausse. Et lorsque, au contraire, l’offre de liquidités est abondante, les taux tendent vers la baisse.
Un tel comportement n’a rien d’exceptionnel, assure notre interlocuteur qui estime toutefois que l’impact de cette variation du taux d’intérêt sur le marché interbancaire ne peut pas être « négligeable » s’agissant des transactions quotidiennes qui se chiffrent par des milliards de dinars.
Avec un TMM se situant à 7,49% au 1er octobre 2025 contre un taux d’intérêt directeur toujours maintenu à 7,5%, ce sont essentiellement les acteurs du marché interbancaire qui profiteront immédiatement de cette détente. Tandis que pour les agents économiques, par exemple les entreprises qui recourent au refinancement à court terme, ils ne pourront bénéficier de cette tendance que si la baisse du TMM se maintient et se confirme dans le temps.
A court terme, une baisse du TMM reste toujours marginale et ne peut pas traduire un assouplissement de politique monétaire engagé par la BCT. Parce l’institution d’émission a, jusqu’à la dernière réunion de son conseil d’administration tenue fin juillet dernier, opté pour la prudence monétaire en décidant par le même fait de maintenir inchangé son taux directeur hésitant à engager un véritable cycle de baisse. Le petit recul du TMM constaté en septembre semble donc résulter davantage de conditions conjoncturelles de liquidité que d’un choix stratégique.
Si, en revanche, la baisse du TMM venait à se prolonger, elle pourrait alors traduire un excédent de liquidité dans le système bancaire, ce qui favoriserait une détente des taux interbancaires et par ricochet un allègement du coût du crédit. Pour dire que la légère décrue du TMM en septembre serait un non-évènement et qu’il est encore prématuré pour les ménages et les entreprises d’espérer un fléchissement du coût du crédit.
H.G.