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Éditorial : Trump mérite-t-il vraiment le Nobel de la paix ? - Par Jalel HAMROUNI

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a souvent suscité la controverse par son style brut, son langage populiste et son approche de la diplomatie internationale. Ses partisans ont plaidé en faveur de sa candidature au prix Nobel de la paix. Mais une question essentielle demeure : Trump mérite-t-il réellement une telle distinction, symbole suprême de réconciliation, de dialogue et de respect des droits humains ?

Une analyse sérieuse de sa politique étrangère montre plutôt le contraire : loin d’incarner l’esprit du Nobel, Trump a imposé une diplomatie marquée par l’arrogance, l’unilatéralisme et la recherche obsessionnelle du prestige personnel.

Le premier élément qui frappe dans l’approche internationale de Donald Trump est son obsession pour la mise en scène. Les sommets avec Vladimir Poutine et Kim Jong-un, par exemple, ont davantage ressemblé à un show médiatique qu’à une véritable tentative de désarmement nucléaire. Certes, le simple fait de dialoguer pouvait sembler novateur, mais aucun résultat concret n’a émergé de ces rencontres.

La Corée du Nord n’a pas réduit son arsenal, la menace demeure intacte, et le régime n’a concédé aucune ouverture en matière de droits humains. La guerre en Ukraine a pris un tournant plus grave. Trump a utilisé ces rencontres comme des vitrines pour s’autoproclamer faiseur de paix, sans jamais aller au fond des dossiers.

Concernant la guerre à Gaza, le président américain accorde un ultimatum au mouvement de la résistance palestinienne pour qu’il accepte son accord de paix très controversé. Et ce n’est pas tout. Trump a menacé d’ouvrir les portes de l’enfer, si le Hamas décline cet accord. 

Le cœur du problème réside dans l’arrogance qui a caractérisé la diplomatie de Trump. Fidèle à son slogan « America First », il a constamment adopté une approche unilatérale, ignorant les institutions multilatérales et méprisant ses alliés. Son retrait brutal de l’accord de Paris sur le climat, son abandon de l’accord sur le nucléaire iranien, ou encore sa guerre commerciale avec la Chine témoignent de cette vision centrée sur la domination américaine, quitte à fragiliser l’équilibre mondial.

Or, le Nobel de la paix ne récompense pas la force brute ou la défense des seuls intérêts nationaux. Il honore les initiatives qui renforcent la coopération, la solidarité et la sécurité collective. Trump, au contraire, a affaibli les mécanismes multilatéraux, alimentant la méfiance entre nations et contribuant à l’instabilité.

Par ailleurs, sa politique à l’égard des migrants et des réfugiés, marquée par la construction d’un mur à la frontière mexicaine et la séparation brutale des familles, illustre l’exact opposé de l’esprit humaniste du Nobel. Comment récompenser de paix un président dont les choix politiques ont provoqué tant de souffrances et de divisions, y compris au sein de son propre pays ?

La candidature de Trump au Nobel de la paix révèle aussi un paradoxe inquiétant : la politisation de ce prix prestigieux. Certes, par le passé, certains lauréats ont été contestés, mais décerner le prix à un dirigeant dont la diplomatie repose sur l’arrogance et la quête d’intérêts égoïstes reviendrait à vider cette récompense de sa substance morale.

Alfred Nobel souhaitait honorer ceux qui œuvrent pour la fraternité entre nations et la réduction des conflits. Trump, lui, a exacerbé les tensions, que ce soit avec l’Iran, la Chine, l’Europe ou même au sein de l’OTAN.

En définitive, prétendre que Donald Trump mérite le Nobel de la paix relève plus de la provocation que de l’analyse lucide. Son mandat fut marqué par une politique étrangère arrogante, centrée sur les intérêts américains et sur sa propre image. Les initiatives qu’il a menées, souvent spectaculaires, n’ont produit aucun changement structurel vers plus de justice ou de stabilité. Le Nobel ne peut être un simple trophée diplomatique offert pour quelques signatures d’accords opportunistes ou des poignées de main théâtrales.

La paix véritable exige courage, patience, vision et respect des principes universels. Autant de qualités qui ont fait défaut à Donald Trump. Le Nobel, en tant que symbole d’espérance et de fraternité, ne saurait légitimement récompenser un président qui a incarné l’arrogance et la division bien plus que la réconciliation.

J.H.

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