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Editorial : La patrie ou la mort…

Par Chokri BACCOUCHE

Ainsi donc, les pays arabes ont dit non à la déportation des Palestiniens de Gaza. Une fois n’est pas coutume, ils ont opposé un refus catégorique au projet du président américain, Donald Trump, visant à déplacer les Gazaouis, sans droit de retour, et de reconstruire l’enclave palestinienne sinistrée par quinze mois de guerre pour la transformer en «Riviera du Moyen-Orient». Réunis au Caire dans le cadre d’un sommet extraordinaire de la Ligue arabe, ils ont dénoncé à l’unisson les «tentatives odieuses» de forcer à l’exil le peuple palestinien tout en formulant une alternative réaliste qui prévoit notamment la reconstruction de la bande de Gaza sur cinq ans et la mise à l’écart du Hamas. Comme il fallait s’y attendre et même si le mouvement islamiste palestinien a accepté son exclusion de la future administration du territoire, le plan arabe a été rejeté par l’administration américaine et entraîné une levée de boucliers de l’entité sioniste. Par la voix de Brian Hugues, porte-parole du conseil U.S de sécurité nationale, Washington a rejeté, en effet, de facto le plan arabe au prétendu motif que les Gazaouis «ne peuvent pas vivre dans un territoire couvert de débris et de munitions non explosées». C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis s’en tiennent à la version initiale du projet proposé par Donald Trump, a ajouté Brian Hugues.

Retour à la case départ donc ou plutôt au casse départ, c’est-à-dire un hold-up faussement humaniste visant à déposséder les Palestiniens, par la force, les pressions et l’intimidation de leur territoire légitime et internationalement reconnu par l’ensemble de la communauté internationale. Pourquoi l’administration américaine a-t-elle rejeté le plan arabe? Parce qu’elle n’accepte pas que les Palestiniens vivent dans un territoire couvert de débris et de munitions non explosées, pardi! Il y a vraiment de quoi tomber à la renverse à la lecture de cet argument sans queue ni tête et d’une naïveté déconcertante. Le pays de l’oncle Sam, qui a contribué de manière active à la destruction de Gaza en fournissant à profusion armes et munitions au bourreau sioniste, se fait aujourd’hui du souci pour la petite santé des Palestiniens. Les dirigeants américains justifient leur rejet du plan arabe par la seule peur que les pauvres Palestiniens ne marchent, par mégarde, sur une mine non explosée qui pourrait les envoyer Ad Patres en moins de deux. C’est la raison pour laquelle Trump et toute son équipe, toujours animés de bonnes intentions, s’opposent car ils ne veulent pas avoir leur mort sur la conscience. Qu’est-ce qu’on dit? Merci! Merci qui? Merci M. Trump pour cette générosité débordante et cet humanisme débridé.

Un humanisme pipé bien évidemment qui transpire la voracité, enveloppé artificiellement dans un gant de velours mais qui trahit une sorte de banditisme politique unique dans les annales de l’histoire.

Que la Maison Blanche se rassure: les Palestiniens ne veulent pas quitter leur terre pour quelque raison que ce soit. Vivre au milieu des débris ne leur importe d’ailleurs que très peu, eux qui ont pris l’habitude depuis voilà plus de 70 ans de voir leurs habitations et leurs infrastructures régulièrement détruites par l’armée sioniste. A la longue, ils ont fini par en prendre le pli comme on dit et ils vont certainement s’atteler à reconstruire de nouveau leur Gaza grâce à l’aide des hommes libres et à la sueur de leurs fronts. Ils n’ont pas besoin d’ailleurs de transformer leur enclave en «Riviera du Moyen-Orient» dans l’immédiat. Ce projet qui fait sans doute rêver, ils le reportent peut-être pour un autre jour, c’est-à-dire le jour où ils pourront réellement respirer l’air pur et revigorant de la liberté dans un pays indépendant. Aucune force ne peut d’ailleurs les en dissuader, eux qui ont inscrit dans leurs gènes le slogan de la résistance contre l’oppression «la patrie ou la mort».

Par souci d’équité et de justice, les dirigeants américains seraient certainement bien inspirés de regarder la réalité en face et de prêter une oreille attentive aux aspirations légitimes de ce peuple qui a souffert le martyre et les pires exactions tout au long de son histoire. C’est en consacrant la justice et en contribuant à jeter les bases d’un ordre mondial plus équitable que la nouvelle administration U.S pourra réellement «rendre l’Amérique de nouveau grande», le fameux slogan popularisé par Trump lors de sa dernière campagne électorale pour la présidence des Etats-Unis.

En attendant ce changement espéré dans la politique étrangère de la première puissance mondiale, les pays arabes qui vont se réunir, demain à Djeddah, pour un nouveau sommet d’urgence de l’Organisation de la coopération islamique, sont appelés à resserrer leur rang et faire entendre leur voix. Ils doivent assumer la responsabilité de tout faire pour soutenir la cause juste du peuple palestinien et sauver Gaza. Le monde libre et tous les peuples de la planète les regardent. Pourvu qu’ils soient au rendez-vous de l’histoire…

C.B.

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