Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La crise des jeunes médecins s’aggrave avec cette grève qui a débuté hier pour durer cinq jours. Pourquoi les autorités ne font rien pour répondre aux revendications de nos jeunes blouses blanches?
Les jeunes médecins ont entamé, à partir du jeudi 12 juin, une grève présentielle de cinq jours, accompagnée d’un boycott total du choix des centres de stages, pour revendiquer l’amélioration de leurs salaires et le paiement de leurs primes de gardes.
L’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) a précisé, dans un communiqué publié mercredi 11 juin, que la grève se tiendra les 12, 13, 16, 17 et 18 juin, et concernera l’ensemble des activités hospitalières et universitaires, y compris les activités académiques telles que les cours de formation complémentaire inclus dans le programme académique, à l’exception des gardes et des services d’urgence, afin de garantir un minimum de continuité des services de première ligne.
La présence à la faculté de Médecine de Tunis est obligatoire pour tous les médecins résidents et internes durant les jours de grève, ajoute l’organisation. Concernant le boycott du choix des centres de stages, il se fera de manière totale, sans aucune exception. L’Organisation des jeunes médecins a réitéré son appel à une révision radicale des procédures d’exemption et de report de l’année de service civil. Elle a également réclamé le paiement de l’ensemble des primes de garde, ainsi qu’une revalorisation de leur montant.
La liste des revendications comprend également la révision des textes régissant le secteur, ainsi que l’augmentation de la prime mensuelle, notamment à travers l’instauration d’une prime de risque de contagion et l’amélioration de la prime de résidanat. L’organisation a conclu en affirmant que la grève des jeunes médecins n’est pas seulement une réaction à une situation financière dégradée, mais une position de principe pour défendre l’avenir professionnel et un système de santé public équitable qui préserve la dignité du médecin et du patient à la fois. C’est ce que nous apprend une dépêche relayée par l’économiste. Et voilà comment par exemple la presse étrangère décrit la situation de nos jeunes médecins : « Salaires dérisoires, pénurie de personnel et de matériel, retards de paiements… Face à une situation jugée «intenable», certains étudiants menacent de se mettre une nouvelle fois en grève cet été «. Pourquoi alors les autorités tardent à mettre f8n au calvaire de nos jeunes médecins ?
Silence douteux..
Face à ce silence, le président de l’Association tunisienne des jeunes médecins, Wajih Dhakhar, a dénoncé dans une déclaration à Webdo «l’absence de volonté réelle de la part du ministère de tutelle pour résoudre la crise des jeunes médecins, engager des négociations sérieuses autour de leurs revendications et améliorer leurs conditions matérielles afin de les retenir dans le système public». Et d’ajouter: «Le ministère de la Santé a exprimé sa compréhension de leurs demandes qu’il juge «légitimes», mais se dit incapable d’ouvrir la discussion sur tout volet financier en raison de blocages juridiques et administratifs». Dhaker a souligné que «le ministre de la Santé considère que le système de travail complémentaire pourrait améliorer la situation financière des médecins, mais nous travaillons déjà 120 heures par semaine, nous n’avons tout simplement pas le temps pour y recourir». Face à cette situation, l’Organisation tunisienne des jeunes médecins a décidé d’entrer en grève de cinq jours à partir du 12 juin. Wajih Dhaker a précisé que le service dans les services d’urgence de tous les hôpitaux se poursuivra normalement, tandis que les autres services continueront à fonctionner grâce aux autres médecins. Il a dénoncé une forme de mépris de la part du ministre, qui a estimé que les jeunes médecins, étant encore en formation, leur grève n’aurait pas d’impact majeur sur le fonctionnement des hôpitaux. Il a également contesté les déclarations du ministre affirmant que les jeunes médecins en Tunisie perçoivent les salaires les plus élevés du Maghreb, les qualifiant de «fausses et infondées». Concernant les départs à l’étranger, Wajih Dhaker a rappelé que le nombre de médecins ayant émigré était de 266 en 2010, contre 1 590 en 2023, une évolution qu’il considère comme le reflet direct de la dégradation de leurs conditions de travail.
M.B.S.M.