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«Parfumé à la menthe» sur l’écran du Rio : Plutôt terrifiant que rafraîchissant

Par Imen ABDERRAHMANI

Projeté à la Mostra de Venise en 2024 et salué pour son exploration sensible des notions de colère et de souffrance, «Parfumé à la menthe» de Muhammed Hamdy sera à l’affiche le 21 juin à 18h30, au cinéma Le Rio. Un film saisissant qui mérite assurément le détour.

 

Le titre, à lui seul, est évocateur : il ouvre grand la porte de l’imaginaire, convoque de belles expériences sensorielles, toutes liées à l’arôme de la menthe — cette plante médicinale célèbre, utilisée dans le bassin méditerranéen depuis l’Antiquité. Mais le film prend à rebours cette promesse de fraîcheur. Dans ce premier long-métrage de Muhammed Hamdy, la menthe devient inquiétante, presque oppressante. Elle ne symbolise plus la douceur ni le bien-être, mais devient le reflet d’une angoisse profonde, source de panique et de souffrance.
D’une durée de 1h51, «Parfumé à la menthe» explore la paralysie émotionnelle que vivent de nombreuses personnes en silence. Des hommes et des femmes, de tous âges et milieux, tentent de cohabiter avec leurs douleurs intimes : souvenirs amers, expériences traumatisantes, colères étouffées ou révoltes avortées… Autant de plaies visibles ou non, certaines cicatrisées, d’autres encore à vif.
Le film suit Bahaa, un jeune médecin de 30 ans, dévasté par le départ soudain de sa bien-aimée. Un jour, dans son cabinet, il reçoit la visite inattendue de Mahdy, un vieil ami en détresse. Celui-ci est atteint d’un mal étrange : de la menthe pousse littéralement sur son corps. Un phénomène provoqué, selon lui, par les angoisses du passé, les souvenirs oppressants qui l’obligent à fuir sans cesse.
Habitué à entendre des histoires insolites, Bahaa n’a jamais entendu sur des cas pareils. «Mon fils refuse de mourir», lui confie une vieille dame qui, usée par le chagrin, croit apercevoir son fils décédé partout autour d’elle. Mais des buissons de menthe surgissant du corps humain ? C’est une première.
Cette étrangeté ne fait qu’écho au propre tourment de Bahaa, lui aussi enfermé dans une boucle émotionnelle depuis la disparition de Dalel. Ici, les fantômes ne traversent pas les murs, ils rongent l’âme de l’intérieur. Ils sont faits de colère, de peines accumulées, de silences trop lourds.
En sillonnant la ville ensemble, Bahaa et Mahdy croisent d’anciens amis, découvrent l’autre facette d’un monde en mutations continues, brisent peu à peu leurs carapaces. Peuvent-ils, toutefois, échapper à leurs démons ? Faut-il apprendre à vivre avec ces blessures pour pouvoir avancer ? Ou faut-il, à l’inverse, apprendre à devenir indifférent pour trouver la paix ?
Coproduit par l’Égypte, la France, le Qatar et la Tunisie, «Parfumé à la menthe» est une méditation visuelle sur la douleur intime. Un hommage silencieux à toutes celles et ceux qui préfèrent taire leurs blessures plutôt que les exposer.
À découvrir sur l’écran du Rio, aujourd’hui samedi.

I.A.

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