Par Chokri Baccouche
A peine investi, Donald Trump a sorti la grosse artillerie, lundi, à la faveur d’un discours fleuve où il a passé les grandes lignes des priorités qu’il compte entreprendre tout au long de son nouveau mandat. Rapide à la détente, le 47ème président des Etats-Unis a annoncé d’emblée la couleur en signant une pluie de décrets pour son retour au pouvoir. Et on peut dire qu’il met pleinement la gomme à travers des mesures spectaculaires qui risquent de faire beaucoup de bruit et créent pas mal de tensions et d’agitations aussi bien en Amérique que dans le monde. D’emblée, Donald Trump envisage de mener une vaste offensive anti-immigration. Tout en déclarant d’ores et déjà l’état d’urgence à la frontière avec le Mexique, il se propose de «renvoyer des millions et des millions d’étrangers criminels là d’où ils viennent» et de repousser par la force militaire s’il le faut, ce qu’il a qualifié d’invasion désastreuse de son pays. Climato sceptique déclaré, le revenant président américain, toujours droit dans ses bottes quand il s’agit d’afficher ouvertement son penchant anticonformiste, envisage également de retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Le président du deuxième pays le plus pollueur du monde après la Chine se fiche comme d’une guigne des effets de serre et autres formules savantes qui traduisent pourtant dans les faits les causes profondes des désastres environnementaux et écologiques prévalant dans le monde. Autre décret surprise : le retrait des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé. De nombreux experts ont qualifié de cataclysmique la décision de Donald Trump qui aura un impact certain, estiment-ils sur la santé mondiale ne serait-ce que parce que les Etats-Unis sont les premiers financeurs de cette organisation. Le départ tonitruant du principal bailleur de fonds américain risque de mettre plus à mal, par conséquent, l’équilibre budgétaire précaire de l’OMS, confrontée depuis quelques années à une émergence spectaculaire de nouvelles épidémies.
Au prétendu motif que le gouvernement panaméen a violé l’accord conclu en 1977 en «surtaxant les navires américains» qui empruntent le canal de Panama, Trump a trouvé un moyen propre à lui pour réparer le préjudice moral et financier et laver «l’affront» subi par son pays. Il envisage en effet ni plus ni moins que de reprendre ce canal construit par les Etats-Unis. Et vlan ! ça leur apprendra à faire le malin car l’Amérique de Trump ne tolère pas ces «écarts de conduite» voire ces crimes de lèse-majesté. Les problèmes de ce genre seront réglés dorénavant à la va vite, à la manière cowboy, sans avoir besoin de recourir à une institution juridique internationale, habilitée à trancher dans ces cas litigieux. Le même traitement, à peu de choses près sera vraisemblablement réservé également au Danemark si d’aventure ce pays voyait une objection concernant le désir ardent des Etats-Unis de prendre le contrôle du Groenland, un territoire considéré par Washington comme stratégique et d’une importance cruciale pour «la sécurité internationale». L’appétit venant en mangeant, le nouveau président américain entend utiliser la matraque dissuasive dans le domaine économique. Il envisage en effet, d’imposer des droits de douanes et des taxes aux pays étrangers, annonciateurs d’un protectionnisme à tout crin qui n’épargnera pas vraisemblablement même les voisins les plus proches des Etats-Unis, pour tant théoriquement protégés par un accord de libre-échange, encore moins les pays dits alliés. Que ces pays soient des vassaux zélés ou des concurrents obstinés, tous seront passés à la moulinette, pour reprendre les intentions d’un Trump sans concession, fidèle à son fameux slogan de «l’Amérique d’abord».
Last but not least, le dernier décret du nouveau chef de l’Exécutif U.S est une véritable déclaration de guerre aux transgenres. «A partir d'aujourd'hui, la politique officielle du gouvernement des États-Unis sera de dire qu'il n' y a que deux sexes, masculin et féminin», définis à la naissance, a asséné lundi Donald Trump. En «bon pasteur» très calculateur d’un conservatisme qui revient en force au pays de l’oncle Sam, le nouveau locataire de la Maison Blanche envisage de tenir la dragée haute aux adeptes des pratiques «contre-nature» alliant en cela le verbe à l’action sur fond d’une tolérance zéro. De quoi mettre en berne d’ores et déjà le fameux drapeau arc-en-ciel, cher aux disciples de la Gay Pride, la manifestation festive des LGBT. Bref, comme entrée en matière, on peut dire que Donald Trump a tiré un bon paquet de missiles «langue portée» qui donnent une idée exhaustive sur ce qu’il compte faire durant la prochaine période. Le début est assez fracassant, en attendant bien sûr le plat de résistance lié notamment à la politique étrangère des Etats-Unis qui s’annonce vraisemblablement tout aussi assourdissant, dans le sens fracassant et retentissant s’entend. Attention, cœur fragile s’abstenir. Mieux vaut attacher la ceinture dès à présent. A toute fin utile…
C.B.