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Le déluge de Gaza démasque l’establishment occidental - Par Soufiane Ben Farhat

Soyons clairs. La guerre de Gaza est une guerre matricielle. Il y a un avant et un après Gaza. De sorte que, à l’instar de la Première Guerre mondiale qui a imprégné le XXe siècle, l’irruption de l’opération déluge d’Al Aqsa par la résistance palestinienne le 7 octobre 2023, n’en finit pas de remodeler les rapports de force régionaux et internationaux.

Premier constat, pris de court et acculé dans ses retranchements les plus sommaires par la résistance palestinienne, Israël a montré son vrai et unique visage. Une machine de guerre cruelle, impitoyable et permanente qui n’hésite pas à exécuter froidement un génocide en direct depuis bientôt deux cents jours à l’encontre des populations civiles palestiniennes. Toute la phraséologie antérieure de l’éternelle victime ou du prétendu avant-poste du monde libre dans la région tombe à l’eau.

Deuxième constat, l’Occident prétendument civilisé devient humainement et politiquement aveugle dès lors que les Palestiniens subissent l’holocauste. En revanche, suffit-il qu’Israël campe la victime pour que tous les pays dits libres entonnent jérémiades et lamentations. En vérité des larmes de crocodile, préalables au soutien militaire à la colonisation israélienne en Palestine par le fer et par le sang. D’ailleurs, armes, munitions, instructeurs, soldats, avions militaires et bâtiments de guerre occidentaux sont venus à la rescousse d’Israël contre les civils palestiniens.

Troisième constat, il n’y a plus de légalité internationale opposable dès lors qu’Israël est mis en cause. Le Conseil de sécurité de l’ONU, les instruments pertinents de la légalité internationale, les résolutions antérieures du même Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale de l’ONU deviennent caducs de fait.

Quatrième constat, les médias occidentaux et les organisations humanitaires et de droits de l’homme sont aux abonnés absents, eux aussi. Les médias légitiment, éludent ou camouflent le génocide perpétré par les Israéliens contre les Palestiniens. Pas plus tard qu’il y a quelques jours, ledit “prestigieux” New York Times a été épinglé pour avoir donné des instructions fermes à ses journalistes et collaborateurs de ne pas parler de génocide, d’épuration ethnique et de territoires occupés en Palestine. Consignes scrupuleusement observées au pas de course.

 

Nouveau totalitarisme

En France, Serge Halimi et Pierre Rimbert ont publié un article bien documenté et brillamment argumenté dans Le Monde Diplomatique de février 2024. Il est en effet on ne peut plus explicite sur la collusion des médias français avec l’armée d’occupation israélienne. Intitulé Le journalisme français, un danger public, l’article dit notamment : “Depuis le 7 octobre dernier, les grands médias veillent à l'alignement des planètes autoritaires en France. Leur soutien inconditionnel à Israël s’accompagne de leur diffamation des opinions dissidentes, de leur mise en cause des libertés publiques et de leur chasse aux immigrés. Jusqu’où ira cette guerre idéologique ? Au service de qui ?”

Les organisations des droits de l'homme ne sont pas en reste. Elles se contentent de bayer aux corneilles. A les en croire, le sang de plus de cent-mille victimes palestiniennes importe peu. C’est le fameux “sang impur” évoqué dans l’hymne national français, la Marseillaise. De silence complice en manœuvres dilatoires, ces organisations maintiennent la vérité sous le boisseau et administrent de la pure propagande insidieuse ou camouflée.

Ainsi, les supports de la démocratie deviennent-ils les courroies de transmission du nouveau totalitarisme sous couvert prétendument démocratique. Pour les esprits avertis, ce n’est guère nouveau. Mais pour le commun des mortels c’est désormais une évidence.

Sous nos cieux, la confrérie des gens acquis aux thèses occidentales s’agite. En leur for intérieur, ses ténors n’en finissent pas de maudire la résistance palestinienne. Et en la matière, les lignes de positionnement et de clivage ne sont pas dans le droit fil des antagonismes supposés. Les intérêts et intéressements sordides des uns et des autres y sont pour quelque chose. L’argent n’a pas d’odeur dit-on. Il n’a pas de couleur idéologique de surcroît. L’intérêt crasseux sollicite l’union sacrée.

 

Prolongations dans le registre de l’horreur

De toute façon, seules l’histoire de la liberté et des luttes pour sa conquête sont importantes au fil de l’histoire. Elles façonnent indéniablement le cours de l’histoire. La lutte palestinienne pour la dignité nationale et le recouvrement de tous les droits et biens spoliés par l’occupation israélienne depuis 1948, marque l’histoire récente de son sceau. La Palestine et les Palestiniens sont les derniers pays et peuple occupés sur terre. Ils résument l’injustice des siècles.

Pourtant, ladite communauté internationale, réduite aux pays capitalistes nord-atlantiques, regarde. Non point d’un regard désintéressé ou frivole, mais bien plutôt d’un œil complice. Malgré la phraséologie généreuse de la communauté internationale, le credo et les slogans fondateurs de la communauté internationale telle que conçue par la Charte des Nations unies. Et dire que tout silence en la matière est par essence synonyme de compromission.

Vidées de leur contenu, éclaboussées par le scandale de l’entérinement de fait, les normes de la légalité internationale deviennent des coquilles vides et oiseuses au bout du compte.

La Palestine triomphera, personne n’en doute. Pour peu qu’il ait une connaissance, fut-elle sommaire, du cours de l’histoire. Pourtant, l’Occident dit civilisé joue les prolongations dans le registre des horreurs autorisées et consenties, appuyées de mille manières, tantôt ouvertement, tantôt en sourdine.

Depuis le 7 octobre 2023, le compte à rebours a bien commencé. Malgré les œillères des uns et l’escamotage forcé des vérités élémentaires, le verdict est proche. Mais tout le monde n’avait pas la sagacité de Bossuet qui a écrit dans son fameux Discours sur l’histoire universelle : “Quand l’histoire serait inutile aux autres hommes, il faudrait la faire lire aux princes”.

Et c’est tout dire.

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