Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Le Conseil national de l’Ordre des médecins hausse le ton et décide de poursuivre les patriciens qui publient sur Internet des contenus promotionnels. Comment, justement, préserver l’éthique et la dignité de la profession médicale?
Dans un communiqué publié au début de cette semaine et relayé par Webmanager, le Conseil national de l’Ordre des médecins a exprimé son inquiétude croissante face à la multiplication des publications à caractère publicitaire diffusées par certains médecins sur les réseaux sociaux. Selon la même source, « le Conseil a rappelé que toute forme de publicité, qu’elle soit directe ou indirecte, est strictement interdite par le Code de déontologie médicale.
Il a ainsi appelé l’ensemble des praticiens à respecter scrupuleusement les dispositions de ce code ainsi que celles de la Charte d’éthique de l’usage du web et des médias numériques».
Le Conseil a également exhorté les médecins concernés à retirer immédiatement tout contenu promotionnel publié en ligne, qu’il s’agisse de texte, photo, vidéo, témoignage, sponsoring ou de collaboration avec des influenceurs.
Par ailleurs, le Conseil national a indiqué que des procédures disciplinaires ont déjà été engagées, tandis que d’autres sont en cours contre les médecins ayant enfreint ces règles déontologiques. Il a mis en garde contre toute récidive, précisant que de nouvelles violations pourraient entraîner des poursuites judiciaires, voire une radiation du tableau de l’Ordre.
Enfin, l’Ordre des médecins a réaffirmé la nécessité de préserver l’éthique et la dignité de la profession médicale, tout en protégeant l’intérêt supérieur des patients et de la société. Que dit, justement, la loi concernant la publicité sur les médicaments et tout acte médical ?
Interrogé à ce sujet, l’avocat Me Houssem Eddine Ben Atiya nous a indiqué : « Selon l’article 40 de la loi de 1973, la publicité concernant les médicaments ne peut être faite sans autorisation préalable du ministre de la Santé publique et un décret déterminera les conditions de réglementation de la publicité et, en général, la publicité directe ou indirecte pour les médecins est strictement interdite par le Code de déontologie médicale et la Charte de l'Ordre des médecins ». Comment, de fait, préserver l’éthique et la dignité de la profession médicale ?
L’effet «réseaux sociaux»…
Même si l’article 24 du Code de déontologie médicale tunisien interdit aux praticiens de faire de la publicité, l’effet « réseaux sociaux » a envahi la profession. Selon Me Ben Atiya : « Les seules indications qu'un médecin est autorisé à faire figurer sur la plaque apposée à la porte de son cabinet ou à l'entrée de l'immeuble l'abritant sont le nom, le prénom, les titres, les qualifications, les jours et heures de consultation. Cette plaque ne doit pas dépasser 25 cm sur 30 cm.
Sur la porte de son domicile, les seules indications qu'un médecin est autorisé à porter sont : le nom et prénom précédés du titre de docteur quel que soit son mode d'exercice ». Et d’ajouter : « Les réseaux sociaux ont peu à peu investi le domaine de la médecine, notamment sur fond de crise du Covid 19. Pis encore, certains praticiens recourent à des influenceurs pour promouvoir un acte médical notamment dans le domaine de la chirurgie esthétique.
Il est, alors, à rappeler que le médecin est autorisé à communiquer en son nom sur les réseaux sociaux à titre éducatif, scientifique ou sanitaire sur sa pratique. Tout autre contenu à caractère publicitaire est strictement interdit
A titre d’exemple, en France, le Conseil de l’Ordre des médecins a condamné un médecin esthétique vantant sur son site sa méthode de « coolsculpting » à deux ans de suspension d’exercice. Nous devons, à mon avis, faire de même afin de préserver la dignité de la profession et protéger les patients des dérives et des dépassements ».
M.B.S.M.

