Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La nouvelle loi votée par le Parlement français interdisant le démarchage téléphonique pourrait menacer des milliers d’emploi en Tunisie et conduire à la fermeture de centaines de centres d’appel. Quelles sont les répercussions de cette loi sur ce secteur ?
Le Parlement français a définitivement voté une loi interdisant le démarchage téléphonique si le consommateur n'a pas donné son consentement pour être appelé.
Selon radio France Inter, un Français reçoit six appels de démarchage chaque semaine, selon les statistiques officielles et, sans grande surprise, 97 % des Français se disent agacés par cette pratique d'après un sondage réalisé en 2025.
Du coup, le principe de cette loi, selon la même source, est assez simple : « Interdire aux entreprises de démarcher par téléphone, directement ou via un sous-traitant, quiconque n'a pas, au préalable, exprimé son consentement.
En clair, une entreprise ne peut pas vous appeler si vous n'avez pas exprimé clairement votre accord pour ça. Si on en croit le texte disponible sur le site du Sénat, le recueil du consentement a lieu à chaque fois que des coordonnées téléphoniques d'un consommateur sont enregistrées quelque part ».
Et lorsqu’on sait que 200 centres d’appel installés en Tunisie sont également concernés par cette loi, il y a de quoi s’inquiéter pour les milliers d’employés qui travaillent dans ce secteur. A quoi, faut-il, alors, s’attendre ?
Interrogé à ce sujet, l’expert en économie et en finance, Mohamed Salah Jennadi, nous a indiqué : «La France est le premier marché pour les 200 centres d’appel en exercice en Tunisie.
La bonne nouvelle est que seulement 20% de ces centres sont concernés par cette loi. Il s’agit de petits centres d’appel qui travaillent d’habitude en sous-traitance. Pour rester optimiste, je dirais que cette loi est une opportunité pour ces centres qui doivent se réinventer et diversifier les services qu’ils proposent d’autant que cette nouvelle loi n’entrera en vigueur qu’au mois d’août 2026 ».
Mise à niveau…
Face aux inquiétudes des professionnels, les experts appellent à une mise à niveau du secteur des centres d’appel afin qu’ils puissent faire face aux nouveaux défis et aux exigences juridiques imposées par certains pays dont la France.
Pour l’expert, Mohamed Salah Jennadi : « On compte aujourd’hui en Tunisie plus de 200 centres d’appel avec des activités diversifiées et touchant à divers secteurs tels que l’informatique, la télécommunication, le tourisme, le transport, les loisirs, la vente et la distribution à distance, les services financiers et bancaires et les assurances.
On dispose, également, aujourd’hui en Tunisie de centres d’appel multilingues : allemands, flamands, espagnols et anglais. Les français sont les plus implantés, viennent en deuxième rang les Italiens et les Allemands en troisième place. Face à ces nouvelles exigences juridiques imposées par la France, la priorité doit donc être donnée à la qualification du personnel, ainsi que sur la diversité et la qualité des prestations.
La Tunisie doit, par ailleurs et à son tour, se doter de structures de contrôle et d’amélioration de la qualité des services, et dans l’espoir de voir le secteur des centres d’appel offshore en Tunisie évoluer rapidement vers l’excellence. Pour le volet technique, les centres d’appel en Tunisie doivent intégrer le meilleur de la technologie, des logiciels et des infrastructures pour offrir d’excellents services à la clientèle.
Au niveau fiscal et administratif, il faut faire connaitre la destination Tunisie en matière d’investissement. En effet, la création rapide de petites structures flexibles ne peut prendre que 48 heures en plus de bénéficier des lois offshore et l’absence d’imposition pendant 5 ans ainsi que le coût de la main-d’œuvre qui reste relativement bas ».

