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Réformes structurelles : Et si la Tunisie avait (malgré elle) répondu aux exigences du FMI ?

Par Hassan GHEDIRI

Plus de trois ans depuis la suspension des négociations avec le FMI, la Tunisie semble avoir rempli un bon nombre de critères qui correspondent aux exigences initiales du bailleur de fonds…

Ridha Chkoundali, professeur universitaire d’économie et analyste financier, considère que tous les indicateurs économiques et monétaires sont aujourd’hui favorables à la Tunisie pour une relance des discussions avec le Fonds monétaire international en vue d’obtenir un prêt avec des conditions beaucoup plus avantageuses que les crédits qui sont jusque-là octroyés par les autres prêteurs.

Il croit, en effet, que notre pays qui s’est vu refuser de signer un accord de prêt de 1,9 milliard de dinars, en raison des conditions jugées inacceptables, est en train de faire des progrès en ce qui concerne la réduction de la masse salariale et la maitrise des subventions, exactement comme l’avait suggéré le FMI. 

Il faut rappeler qu’en octobre 2022, la Tunisie était sur le point de conclure un accord final avec l’institution de Bretton Wood pour un prêt de renflouement, mais le président Kaïs Saêid a refusé de signer l’accord  affirmant que le diktat étranger conduirait à davantage de dépendance et de pauvreté, affichant la volonté de la Tunisie de compter sur elle-même.

La Tunisie a alors rejeté la plupart des conditions du FMI qui comprennent des mesures d’austérité telles que la réduction des subventions et de la masse salariale du secteur public. La compensation des prix de carburants et la subvention des produits alimentaires sont en place depuis plusieurs décennies en Tunisie et sont censés permettre aux ménages d’accéder aux produits essentiels à des prix abordables.

Aujourd’hui, plus de trois ans depuis la suspension des négociations avec le FMI, la Tunisie semble avoir rempli un certain nombre de critères que requiert le plan de financement préalablement défini. 

Contacté par notre rédaction, Chkoundali souligne que le FMI conditionne souvent ses prêts par la mise en place de réformes économiques par le pays emprunteur. Ces réformes constituant un programme d’ajustement structurel visent à rétablir la stabilité économique et la croissance à moyen et à long terme.

Dans cette même optique, notre interlocuteur estime, en substance, qu’il y a au moins deux indicateurs qui confirment que la Tunisie s’est bien engagée dans les réformes telles qu’elles étaient énoncées au départ par le FMI : à savoir la réduction des subventions et la révision à la baisse de la masse salariale par rapport au PIB. 

13,4%

Pour le dernier point, les indicateurs montrent que la Tunisie a considérablement allégé les charges salariales du secteur public. Selon le rapport du ministère des Finances sur le projet de budget de l’État, la masse salariale devrait représenter 13,4 % du PIB en 2026, contre 14,1 % prévus en 2025.

Quant à la subvention, Chkoundali considère que même si la levée de subventions n’a pas été officiellement déclarée, les chiffres montrent que l’Etat est en train de faire des économies dans ce poste de dépense. « Ce n’est pas une suppression des subventions au vrai sens du terme mais une réduction indirecte de la compensation réduisant les importations des produits subventionnés.

De manière générale, et selon les résultats provisoires de l’exécution du budget de 2025, les subventions n’ont été réalisées qu’à 36,6 %, avec un maigre taux de réalisation des subventions des produits de base ne dépassant pas 14,6 %. En effet, sur les 3,8 MD destinés aux subventions, à peine 554 millions de dinars avaient été dépensés. 

Cela étant, la politique suivie par la Tunisie dans ces deux volets s’inscrivait parfaitement dans l’optique du FMI, parce que, selon Chkoundali, quelle que soit la manière, c’est le résultat qui compte. D’ailleurs, d’après lui, la Tunisie a intérêt de relancer les discussions avec le FMI et de solliciter un soutien financier.

«Le FMI a laissé entendre que les conditions sont devenues favorables à une reprise des négociations susceptible de déboucher sur un accord de financement », souligne Chkundali qui pense qu’un prêt contracté auprès du FMI serait plus avantageux avec un taux d’intérêt beaucoup moins excessif que ce qui est aujourd’hui imposé par les créanciers de la Tunisie.

Par exemple, l’accord de prêt de 500 millions de dollars conclu en octobre 2024 avec la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) est assorti d’un taux d’intérêt d’environ 10%. 

H.G.

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