Par Hassan GHEDIRI
Tandis que ses concurrents investissent des milliards de dollars dans les carnets de commandes pour renforcer leurs flottes et élargir leur réseau de destinations…
Le transporteur aérien national concentre tous ses efforts sur un objectif essentiel : diversifier ses sources de financement pour surmonter ses difficultés. Parce que, oui, Tunisair tarde encore à sortir définitivement de la zone de turbulence financière qui a violemment déstabilisé ses équilibres et chamboulé ses objectifs d’investissement pendant une longue décennie. Pour tenter de remédier tant bien que mal à ses déficits, elle doit impérativement chercher de nouvelles alternatives.
Ne pouvant plus jeter son dévolu sur le gouvernement qui, lui aussi, se débrouille comme il peut pour honorer ses engagements financiers, la compagnie nationale semble trouver une bonne recette permettent d’obtenir des fonds importants sans céder des parts de capital.
La solution consiste en l’émission d’emprunts obligataires qui, selon la direction de la compagnie, vise «à renforcer les ressources financières et à aider l’entreprise à honorer ses engagements envers ses créanciers».
Un choix qui avait obtenu l’approbation des membres du Conseil d’administration lors de l’assemblée générale ordinaire de la société tenue le 10 septembre dernier autorisant l’émission d’un emprunt obligataire pour un montant global de 150 millions de dinars sans recours à un appel public à l’épargne. C’est-à-dire que cet emprunt n’est pas proposé à monsieur tout-le-monde, mais consiste à lever des fonds auprès des investisseurs institutionnels (banques, société d’assurances, fonds d’investissements…).
Le transporteur aérien national a annoncé dans un premier temps l’émission, le 6 octobre 2025, d’un emprunt obligataire d’un montant de 30 millions de dinars. Les souscriptions ont été clôturées le 17 octobre et permis de lever 25,2 millions de dinars. La direction générale de Tunisair, qui s’est vue confier la mission de procéder à l’émission en une ou plusieurs fois dudit emprunt, a décidé le 30 octobre dernier de lancer un deuxième et dernier placement pour lever le reste du fonds visé, à savoir les 124, 800 millions de dinars d’une durée de 7 ans dont une année de grâce et assorti d’un droit de coupon de 10%.
Quête de stabilité
Mais au-delà de cette opération financière, Tunisair continue de faire face à des défis majeurs qui compromettent sa compétitivité et sa capacité à se redresser durablement.
Depuis plusieurs mois, la compagnie nationale souffre d’une flotte considérablement réduite, dont à peine une dizaine d’appareils sont réellement opérationnels sur la vingtaine qu’elle possède. Une situation qui pousse souvent Tunisair à réduire la fréquence de ses vols, à annuler certaines dessertes. Les pannes répétitives, les retards et les difficultés de maintenance aggravent encore l’image d’une entreprise en quête de stabilité.
A cela s’ajoutent des déficits financiers chroniques fruit d’une mauvaise gestion des dettes accumulées, un sureffectif structurel et une très lourde masse salariale.
Pendant ce temps, une compagnie comme Royal Air Maroc mène une stratégie radicalement différente : elle prépare des carnets de commandes pour renforcer sa flotte et renouer avec une ambition de croissance.
Selon les informations disponibles, RAM envisage de lancer d’importantes acquisitions d’appareils neufs, avec l’objectif de passer à une flotte bien plus importante d’ici 2037, tout en louant jusqu’à 13 avions par an dans l’intervalle, afin de répondre à une demande croissante et de consolider sa position sur le marché africain et international.
Une dynamique qui contraste fortement avec la situation de notre compagnie nationale, qui, faute de moyens suffisants pour renouveler ou accroître sa flotte, se trouve dans une logique de survie plutôt que d’investissement.
H.G.

