contactez-nous au 71 331 000
Abonnement

La crise des jeunes médecins : Qui peut arrêter cette hémorragie ?

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI 

Les jeunes médecins ont annoncé dans un communiqué publié samedi dernier de durcir leur mouvement de protestation contre le désintéressement des autorités à répondre à leurs revendications…

La tension est montée d’un cran entre l’Organisation tunisienne des jeunes médecins et le ministère de la Santé. Et c’est ce que les jeunes médecins appellent « le mépris systématique  du ministère face à leurs revendications » qui est à l’origine de cette escalade qui a vu les jeunes blouses blanches descendre dans la rue dans une marche de protestation pendant laquelle les internes et les résidents ont exprimé leur colère avant que leur organisation ne décide samedi dernier une série de mesures dont une grève de cinq jours sans fixer une date précise pour ce mouvement qui touchera, selon le communiqué, tous les hôpitaux de la République. L’organisation a également décidé de boycotter le processus de choix des centres de stage pour toutes les spécialités médicales, y compris la médecine de famille, à partir du 1er juillet 2025. «Nous mettons en garde les autorités que les hôpitaux universitaires seront privés de médecins résidents avec les conséquences que cela peut avoir sur le bon fonctionnement de ces hôpitaux», peut-on lire dans ce communiqué. 

Pour comprendre les raisons de cette nouvelle escalade, nous avons contacté le président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins, Wajih Dhakkar. Ce dernier nous a confié : « Les jeunes médecins ont fait, tout au long de ces cinq dernières années, preuve de raison et de patience préférant le dialogue et les négociations avec le ministère de la Santé sans réaliser aucune avancée ni au niveau salarial ni au niveau des conditions de travail. D’ailleurs, le slogan que nous avons choisi pour ce nouveau mouvement «Tmarmedna» (humiliés) traduit bien la situation des jeunes médecins marquée par les bas salaires, les longues journées de travail, les heures non payées, les mauvaises conditions de sécurité et les conditions de vie ». Pourquoi la Tunisie traite ces médecins de cette manière alors qu’ils sont très demandés à l’étranger et que faire pour retenir nos docteurs en médecine par ces temps de pénurie de cadres médicaux ?

L’urgence d’une prise de conscience …

Alors que nos hôpitaux se vident à cause du départ massif de nos médecins à l’étranger,  le président de l’Organisation des jeunes médecins, Wajih Dhakkar, appelle à une prise de conscience de la part des autorités afin de mettre fin aussi biens aux «souffrances» des jeunes médecins qu’à cette hémorragie liée au départ de nos docteurs en médecine à l’étranger, «A cause de la désinvolture des autorités, nos hôpitaux se vident, ce qui va provoquer dans un futur très proche une crise sans précédent». Et d’ajouter: « Au vu des conditions de travail et le manque de visibilité concernant leur avenir, les jeunes médecins préfèrent partir et chercher d’autres opportunités plus motivantes. Et pourtant ces mêmes jeunes médecins souhaitent rester en Tunisie et servir leur pays. Malheureusement, certains cherchent à noyer le poisson. Je pense, alors, que ce mouvement est la dernière chance pour tout le monde et s’il ne va pas aboutir, aucun jeune médecin ne va rester. La balle est à mon avis dans le camp du ministère qui doit se pencher sérieusement sur nos revendications dont notamment les critères de validation des stages qui sont reconnus dans le monde entier sauf en Tunisie. Il faut savoir qu’aujourd’hui le sort d’un jeune médecin est entre les mains du chef de service qui peut ou non valider son stage sans se baser sur des critères objectifs et clairs».   

M.B.S.M.

Partage
  • 25 Avenue Jean Jaurès 1000 Tunis R.P - TUNIS
  • 71 331 000
  • 71 340 600 / 71 252 869