Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Le projet de loi visant à renforcer la sécurité des estivants sur les plages et dans les espaces aquatiques ne pourra à lui seul résoudre le problème des noyades en l’absence d’une stratégie de prévention impliquant tous les intervenants…
Alors que le drame de Kelibia, dont la victime est la petite Mariem disparue en mer et retrouvée sans vie deux jours plus tard, fait toujours couler beaucoup d’encre et surtout de larmes, un projet de loi a été soumis au bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) le 3 juillet, et transmis à la Commission de la législation générale visant à renforcer la sécurité des estivants sur les plages et dans les espaces aquatiques. Selon plus d’un observateur, une loi à elle seule ne peut pas résoudre le problème des noyades en l’absence d’une stratégie de prévention et de moyens humains et logistiques nécessaires pour sécuriser nos plages.
C’est du moins l’avis de l’ancien maitre nageur Anis Ouertani, qui nous a confié : « Durant des années, j’ai travaillé en tant que maitre nageur et sauveteur. Je constate aujourd’hui que nous avons beaucoup de retard concernant la sécurité sur les plages. Peut-être que cela s’explique par le manque de moyens, mais aussi par l’absence d’une stratégie claire basée principalement sur la prévention ». Et d’ajouter : « Pour sécuriser les plages, il est crucial de mettre en œuvre une stratégie globale qui englobe la sécurité des baigneurs, la protection de l’environnement et la prévention des risques. Cela passe par la surveillance des plages, l’information du public, l’aménagement de zones de baignade, la lutte contre la pollution et la sensibilisation aux dangers potentiels, comme le préconisent tous les sites spécialisés. Malheureusement, c’est l’anarchie qui règne en maitre sur nos plages avec ces motomarines et autres zodiacs qui représentent un danger pour les baigneurs».
Prévention …
Selon les données de la Protection civile, la Tunisie a enregistré un nombre préoccupant de noyades en trois semaines seulement avec 48 décès. Ces drames se sont multipliés sur les plages les plus fréquentées du pays, notamment à Nabeul, Bizerte, Tunis, Mahdia et Sousse. Selon notre interlocuteur: «La Protection civile tunisienne fait de son mieux pour sécuriser les plages, mais en l’absence de moyens logistiques et humains, seule la sensibilisation du grand public peut réduire les risques». Toujours selon notre interlocuteur: «Il faut respecter les normes internationales en installant des postes de secours et maîtres-nageurs sauveteurs afin d’assurer une présence permanente de sauveteurs qualifiés pour intervenir rapidement en cas de besoin. La mise en place de drapeaux de signalisation avec l’indication des zones de baignade surveillées et les conditions de mer (courants, vagues) est aussi très importante ainsi que l’utilisation des moyens de surveillance adaptés (tours de guet, drones) pour couvrir de vastes étendues de plage. Ainsi, en adoptant une approche globale et coordonnée, les autorités locales et les gestionnaires de plages peuvent mettre en place une stratégie efficace pour sécuriser les plages et garantir la sécurité des usagers tout en préservant l’environnement».
A noter que selon les statistiques de la Protection civile, durant les deux mois de juin et juillet 2024, la Tunisie a enregistré 48 décès par noyade, contre 52 pour la même période en 2023. Pendant la même période, 318 baigneurs ont été secourus en mer, contre 243 l’année précédente. Ces drames sont souvent liés au manque de vigilance des baigneurs, à l’absence de surveillance et aux conditions météorologiques.
M.B.S.M.