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Etat de Palestine : Que vaut cette reconnaissance sans qu’elle ne soit accompagnée d’actes concrets ?

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Que vaut cette vague de reconnaissance de l’Etat de Palestine sans être accompagnée d’actes concrets de nature à mettre fin à ce génocide qui vise le peuple palestinien… ?


Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, vingt personnalités, dont Philippe Torreton, Joann Sfar, Arthur et Charlotte Gainsbourg, demandent de conditionner la reconnaissance d’un État palestinien à la libération des otages et au démantèlement du Hamas. C’est dire la fragilité de cette reconnaissance qui, d’emblée, va diviser les Palestiniens eux-mêmes. « Il ne faut pas imaginer que Hamas va accepter ces conditions et on peut même assister à une guerre interne au sein même des différentes factions faisant partie du Conseil national palestinien (le parlement de l’Autorité palestinienne), estime Me Houssem Eddine Ben Atiya. Et d’ajouter : « Sans  actes concrets et des mesures réelles de nature à donner un caractère souverain à cet Etat, il sera difficile pour les Palestiniens de s’unir autour de ce projet que certains observateurs n’hésitent pas à qualifier de « coup de bluff ». D’ailleurs, le président américain est allé jusqu’à dire qu’il s’agit de mouvements pour la galerie en allusion à la reconnaissance de l’Etat palestinien par les grandes puissances dont notamment 4 membres permanants du Conseil de sécurité de l’ONU. A mon sens, la priorité aujourd’hui est l’arrêt de ce génocide et la levée du blocus. Cela ne peut se faire que par des gestes concrets et clairs, à savoir l’arrêt de toute aide et coopération militaire avec l’entité sioniste de la part des pays comme la Grande- Bretagne et la France. Pour rappel, l’entreprise Israël Aerospace Industrie, principale firme aéronautique et de défense d’Israël, bénéficie de financements européens, notamment pour développer des drones de combat. Et c’est avec ces drones de combat que l’armée sioniste tue quotidiennement des enfants, des femmes et des civils palestiniens ». Que vaut, alors, cette reconnaissance de l’Etat palestinien sans qu’elle ne soit accompagnée de faits concrets ?

Trop tard, trop peu… ?

S’exprimant dans le journal ‘’Le Monde’’ sur cette vague de reconnaissance de l’Etat de Palestine, Monique Chemillier-Gendreau, professeure émérite à l’université Paris Cité, spécialiste du droit international et de la théorie de l’Etat, estime que « c’est trop tard et trop peu. Trop tard, car ces nouveaux pays, qui viennent de reconnaître l’Etat de Palestine, ont laissé Israël détruire, méthodiquement, depuis des décennies, les bases de cet Etat. Le geste symbolique de la reconnaissance procurera sans doute une satisfaction de façade, mais il n’aura pas beaucoup d’effets. Trop peu, car pour accomplir les promesses contenues dans tous les engagements du droit international à l’égard du peuple palestinien, il faut bien d’autres actes. Israël ne pliera que sous la contrainte. Pour l’instant, cette reconnaissance est celle d’un Etat fantôme. Si l’on veut reconnaître un véritable Etat palestinien, il faut lui redonner les bases concrètes de son existence. Comment identifie-t-on un Etat ? Par certains éléments : un territoire viable, une population regroupée librement, des institutions disposant des fonctions régaliennes, une capitale choisie souverainement. Or, Israël s’est employé, depuis sa création, à détruire tous ces éléments et les autres Etats n’ont rien fait. Mais ce qu’Israël n’a pas pu détruire, c’est la conscience nationale palestinienne. Ce à quoi la reconnaissance d’un Etat palestinien rend hommage, c’est à la persistance de ce sentiment national palestinien. Il serait vain, pour ne pas dire très hypocrite, de prendre acte de la légitimité de ce sentiment national sans agir pour lui redonner les bases concrètes ». Ironie du sort, au moment où la France reconnait officiellement l’Etat de Palestine, son président, Emmanuel Macron, fait l’objet d’une plainte déposée devant la Cour internationale de justice pour complicité de génocide contre les Palestiniens.

M.B.S.M.

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