Par Hassan GHEDIRI
La hausse des prix à la consommation a poursuivi son ralentissement durant le mois dernier, pour ramener l’inflation à son niveau enregistré en 2020.
Selon les nouveaux chiffres de l’Institut national de la statistique (INS) publiés lundi soir, l’inflation a continué à fléchir durant le mois d’avril en se maintenant dans la courbe baissière dessinée depuis l’automne dernier. Et si l’indice des prix à la consommation a (officiellement) entamé l’année 2025 en descendant une première marche, au mois de février, pour tomber pour la première fois depuis 2020 en dessous de 6 %, la hausse des prix a poursuivi son ralentissement durant le mois dernier ouvrant la voie à un éventuel nouvel assouplissement monétaire. La BCT, qui a réduit, le mois dernier, son taux directeur de 50 points de base pour la première fois depuis plus de deux ans, va apparemment être contrainte à opérer un autre allègement. Mais cela dépendra de la manière par laquelle son conseil d’administration appréciera l’évolution de l’inflation et les causes réelles du nouveau fléchissement.
À considérer le bulletin de l’INS, l’on peut néanmoins estimer que les soldes d’hiver avaient joué un rôle crucial dans le nouveau petit recul de l’inflation. Toujours d’après les chiffres de l’autorité de la statistique publique, le ralentissement de la hausse des prix a été remarquablement plus important dans le secteur de l’habillement que dans celui de l’alimentation. Dans ces deux postes de consommation qui constituent les deux principales sources de dépenses agissant directement sur le pouvoir d’achat des ménages, le rythme de la hausse des prix a baissé de 0,5 % dans le groupe des produits alimentaires et de 2,3 % dans l’habillement.
Modération
Ceci dit, l’inflation a reculé en avril sur la base mensuelle sous l’effet notamment des soldes d’hiver 2025 qui se sont déroulés durant sept longues semaines. De manière générale, l’expérience observée dans de nombreux pays montre que les saisons de soldes ont souvent un effet temporaire de désinflation. En effet, pendant les périodes de rabais organisés, un grand nombre de commerçants proposent des réductions de prix importantes pour écouler leurs stocks invendus. Cette dynamique entraîne une baisse ponctuelle des prix dans plusieurs segments de la consommation, notamment dans l’habillement, les chaussures, l’électronique et parfois certains articles ménagers.
Comme les indices d’inflation mesurent les variations de prix à la consommation sur une période donnée, les baisses observées lors des soldes se traduisent mécaniquement par une modération, voire une baisse, du taux d’inflation mensuel. Cela est d’autant plus visible lorsque les soldes couvrent une large gamme de produits et qu’ils durent plusieurs semaines, ce qui a été le cas cet hiver en Tunisie. Il faut dire aussi que la concurrence pendant cette période incite beaucoup d’opérateurs économiques à modérer leurs prix pour rester compétitifs, ce qui tend à se répercuter positivement sur l’indice des prix.
Cet effet reste, toutefois, généralement temporaire. Une fois la période des rabais achevée et la consommation revenue à des comportements saisonniers normaux, la tendance naturelle des prix peut reprendre, en fonction notamment des pressions sur l’offre, des coûts de production et de la demande globale. Bien que l’inflation montre un recul encourageant, beaucoup d’observateurs croient que les fondamentaux économiques, notamment l’évolution des prix alimentaires et les fluctuations des prix sur les marchés internationaux; rendent imprévisible la tendance inflationniste en Tunisie. La balle est désormais dans le camp de la BCT pour apprécier si le ralentissement du rythme de la hausse des prix constitue une tendance durable ou bien un phénomène conjoncturel qui ne justifie pas un nouvel assouplissement monétaire et donc une réduction des taux d’intérêt.
H.G.