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Editorial : Sauver l’avenir de l’humanité…

Par Chokri BACCOUCHE

Pour avoir un sac de farine leur permettant de vivoter, les Gazaouis se font tirer comme des lapins par les snipers sionistes. On n’en a jamais rien vu de tel dans l’histoire. Ecœurant, lâche, ignoble, abject : il n’y a pas de mots assez durs pour qualifier ces effroyables crimes contre l’humanité délibérément planifiés par les dirigeants et exécutés par leur soldatesque, au vu et au su de la communauté internationale. Depuis le 27 mai, les Etats-Unis et Israël ont instauré un nouveau mode de distribution de l’aide humanitaire, hors du contrôle des agences internationales. Il s’agit en fait d’un piège mortel : tous les Palestiniens en proie à la famine qui viennent chercher un hypothétique sac de farine sont systématiquement pris pour cible par les « valeureux » soldats israéliens qui tirent dans le tas sans aucun état d’âme comme dans une fête foraine. Plus de 600 Gazaouis ont ainsi trouvé la mort et 4000 environ ont été blessés. Ils n’avaient d’autre choix que de mourir de faim ou mourir sous les balles de «l’armée la plus morale du monde».
Que fait la communauté des nations face à cette intenable et indicible tragédie ? Absolument rien ou presque. Exception faite des hommes et femmes épris de justice et de liberté qui expriment leur indignation et leur colère à travers les manifestations organisées un peu partout dans le monde, le reste et plus particulièrement les politiciens assistent en spectateurs passifs aux péripéties de ce drame kafkaïen. L’Union européenne a gagné la palme de l’ineptie calculée. Ses dirigeants sont passés maîtres dans l’art de l’esquive et du faux-fuyant. Faute et lieu de prendre des décisions urgentes et immédiates pour faire pression sur l’entité sioniste afin de faire cesser le massacre, ils tergiversent à n’en plus finir : nous allons voir ce qu’on pourra faire, nous allons nous réunir bientôt et patati et patata… On « déplore », on « s’inquiète », on « condamne », on « dénonce » quelquefois et on parle même de « scandale » pour éviter de dire génocide, mais sans plus. Bref, on ne fait strictement rien dans le sens de la morale, du droit international et du respect des valeurs universelles. Les dirigeants européens, à quelques rares exceptions, s’épuisent en fait à se perdre délibérément en conjecture pour se dérober à leurs obligations morales et historiques.
L’Europe de la Déclaration universelle des droits de l’homme, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, rechigne à décider au moins un embargo sur les armes à destination de l’entité sioniste. Ces mêmes armes qui tuent les femmes et les enfants palestiniens et participent directement à l’épuration ethnique de tout un peuple. Pis encore, les pays membres de l’U.E sont divisés sur la question de suspendre l’accord de coopération avec Israël. Evoquée il y a quelques jours au Parlement européen, la décision relative à cette question a été reportée au 15 juillet. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat dans la logique –absurde - des dirigeants du Vieux continent. Ils ont certainement dû penser que deux semaines de plus ou de moins, c’est du pareil au même. Tout au plus, ce report va se traduire par quelques centaines de morts palestiniens supplémentaires qui viendront meubler les rubriques des chiens écrasés des médias européens.
On l’aura certainement compris, tous les morts dans l’actuel ordre ou plutôt désordre mondial n’ont pas la même valeur. La vie d’un enfant ou d’une femme palestinienne ne valent que dalle. L’Europe qui se veut la gardienne du temple des libertés et de la démocratie s’empêche d’intervenir et préfère faire profil bas pour ne pas s’aliéner le lobby sioniste et le puissant allié américain. Elle se discrédite et se fait complice d’un des plus effroyables génocides de l’histoire.
La guerre à Gaza a fait tomber bien des masques. Elle a mis à nu les double-discours, les politiques des deux poids deux mesures ainsi que l’ineffable hypocrisie des uns et des autres. Elle a sonné, au demeurant et malheureusement, le glas du droit international et démasqué le visage hideux du nouvel ordre mondial, son indicible cruauté et son insoutenable injustice. Elle a surtout levé le voile sur la partie invisible de l’iceberg révélant la face cachée d’un monde plus que jamais régi aujourd’hui par la loi de la jungle. Il appartient aux hommes réellement libres et épris de liberté de s’interposer pour éviter le pire. Dans l’enfer de Gaza la martyre, il s’agit non pas seulement de se porter au secours d’un peuple opprimé qui lutte désespérément pour sa survie, mais de sauver en réalité l’avenir de l’humanité...

C.B.

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