Par Hassan GHEDIRI
Alors que l’Europe suffoque sous une vague de chaleur, causant plusieurs décès, la Tunisie s’apprête à affronter sa canicule sans aucune disposition spéciale.
Le phénomène de grande chaleur n’est plus une simple vague estivale. Il représente une véritable menace aux conséquences sanitaires et économiques graves. Durant l’été 2024, les températures mondiales ont franchi un seuil symbolique avec une hausse estimée à +1,5 °C au-dessus des niveaux enregistrés pendant la période préindustrielle. Du côté de la rive nord de la Méditerranée, les instituts de météorologie estiment que le vieux contient est d’ores et déjà en train de vivre l’été le plus chaud de son histoire. D’ailleurs, le mois de juin 2025 a été le plus chaud jamais enregistré en France, selon Météo-France, tandis que des décès dus à des coups de chaleur sont signalés un peu partout en Espagne, au Portugal et dans le sud de l’Italie.
Pour la Tunisie, les experts croient que le mercure ne tardera pas à s’emballer enclenchant officiellement l’avènement de la saison de canicule exceptionnelle. Ce sera du déjà-vu, ou presque parce que durant les étés 2023 et 2024 des pics dépassant les 48 °C ont été enregistrés dans plusieurs régions. Malgré cette expérience, notre pays ne dispose toujours pas d’un plan national structuré pour affronter les vagues de chaleur. Aucun système d’alerte précoce n’a été mis en place, aucune campagne de sensibilisation n’est menée à grande échelle, et les infrastructures publiques, notamment sanitaires, restent mal préparées. Le manque de climatisation et les pénuries d’eau aggravent l’exposition au danger, notamment pour les personnes âgées, les enfants et les malades chroniques.
Dans beaucoup de pays, des plans d’action spécial canicule sont déployés pour répondre efficacement aux défis que pose le réchauffement du climat. En Espagne, en France et en Italie sévèrement affectés par un épisode caniculaire qui dure depuis plus de dix jours, des dispositifs d’adaptation sont renforcés, bien que parfois mis à rude épreuve par l’ampleur.
Alerte
Dans une publication diffusée le 24 juin dernier sur les réseaux sociaux, le climatologue tunisien Hamdi Hachad a tiré la sonnette tire la sonnette d’alarme, recommandant vivement aux autorités de prendre des mesures d’adaptation appropriées aux nouveaux défis posées par la hausse de chaleur. Il plaide pour une mobilisation coordonnée de tous les acteurs publics, locaux et associatifs, afin d’élaborer des solutions adaptées au contexte tunisien. Il propose de créer des abris climatiques dans les espaces publics, développer des alertes adaptées aux populations vulnérables, former les personnels de santé et mener des actions de proximité dans les régions les plus exposées.
Sans anticipation, la Tunisie risque en effet de subir des pertes économiques très lourdes. Le secteur agricole, qui reste vulnérable aux conditions climatiques extrêmes, pourrait connaître des pertes importantes. La productivité dans le bâtiment, l’industrie ou les services pourrait chuter, notamment pour les métiers exposés à l’extérieur. Même le tourisme, pourtant vital pour l’économie nationale, pourrait être impacté si des mesures d’anticipation n’étaient pas prises pour atténuer les effets des épisodes caniculaires et préserver l’attraction de la destination réputée pour la douceur de son soleil.
H.G.