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L’héritage d’Oum Kalthoum sublimé par May Farouk

L'amphithéâtre romain de Carthage a vibré, dans la soirée du samedi 16 août 2025, sous un frémissement d’émotion et de nostalgie, au rythme du concert de la chanteuse égyptienne May Farouk, rendant hommage à Oum Kalthoum, pour le cinquantenaire de sa disparition.

Transmise en direct sur la chaîne nationale El Wataniya ainsi que sur trois chaînes égyptiennes, la soirée, rehaussée par la présence de Bassem Hassan, ambassadeur d’Egypte en Tunisie, a été ponctuée par la projection sur grand écran d’extraits de la visite d’Oum Kalthoum en Tunisie, en mai 1968, offrant au grand public un retour dans le temps et un éclairage unique sur le lien de l’astre d’Orient avec la Tunisie.

Accompagnée d'un orchestre tunisien de près de quarante musiciens sous la baguette du maestro Mohamed Lassoued, May Farouk, émue et fière de se produire sur la scène mythique de Carthage, a fait ressurgir les grands classiques de la diva à travers un récital qui restera incontestablement gravé dans la mémoire du Festival International de Carthage et de son public.

Dès son entrée sur scène, May Farouk qui vient d'inscrire son nom dans les annales du FIC, a imposé une présence à la fois sobre et radieuse. Drapée dans une élégance classique qui rappelle celle de l’illustre diva aux années 1960, elle a conquis le public par la maîtrise de sa voix puissante et la profondeur de son interprétation. Son timbre ample, soutenu par un vibrato puissant et nuancé, conférait à chaque morceau une force et une beauté qui allaient droit au cœur.

Tout au long du concert, sur près de deux heures et demi, l'orchestre, maître des nuances et des rythmes, a porté avec grâce la voix de May Farouk, qui enchaînait les mélodies immortelles d’Oum Kalthoum, comme "el hob kollou", "alf lila wlila", "fet el maad", "hadhihi laylati", "siret el hob"...offrant à chaque fois un souffle neuf. Son habilité vocale à habiter chaque mot et chaque silence a donné au public conquis l’impression d’assister à un voyage dans le temps, à la frontière entre passé et présent.

Le moment fort de la soirée demeure sans doute son interprétation finale de "enta omri", ce titre qui est devenu, depuis sa sortie au début des années soixante, un hymne d’amour et de passion. Dans un respect fidèle à l’original, mais avec une touche contemporaine discrète, May Farouk a su raviver la magie de ce chef- d’oeuvre intemporel du tarab.

Au-delà de la performance technique, c’est la maitrise à la perfection de May Farouk qui a marqué l’auditoire. Sa voix, à la fois fidèle à l’école "kalthoumiyet" et empreinte de sa propre identité, a révélé combien cet héritage demeure vivant. Elle n’a pas seulement interprété Oum Kalthoum : elle l’a chantée, portée par le raffinement d’un héritage et l’élégance d’une diva.

Avec ce concert à guichets fermés, la 59ème édition du Festival international de Carthage a revisité, à travers cette programmation, un pan de l’âge d’or de la musique arabe, porté par les voix qui ont marqué le XXème siècle par leur virtuosité et leur répertoire.

Cinquante ans après la disparition de la plus grande voix du monde arabe, le public du FIC, au summum de l'exaltation, a pu revivre la splendeur de cette époque légendaire, celle d'un art qui continue de résonner, porté par des artistes qui trouvent en Oum Kalthoum une source d’inspiration et un horizon d’excellence.

Le Quotidien avec TAP

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